
Karen Greenlee est nécrophile. Il y a cinq ans, elle a fait la "une" de l'actualité après avoir fait une fugue de deux jours au volant d'un corbillard. Au lieu de conduire le corps au cimetière, elle a décidé de passer un moment avec le cadavre.
La police finira par la retrouver dans le comté voisin, en pleine overdose de codéine Tylenol. Elle fut accusée de conduite illégale d'un corbillard, et d'interférence dans le bon déroulement d'un enterrement ( il n'y a pas de loi sanctionnant la nécrophilie en Californie). Dans le cercueil, Kathy a laissé une lettre de quatre pages et demie dans laquelle elle confesse des épisodes amoureux avec entre 20 et 30 cadavres masculins. La lettre était chargée de remords envers ses désirs sexuels : " Pourquoi est-ce que je fais cela? Pourquoi ? Pourquoi ? La peur de l'amour, des relations avec les autres. Je n'ai jamais rien ressenti d'aussi fort .... c'est l'enfer. Je suis un rat de morgue? C'est mon univers, peut-être ma tombe."
(Il excite un entretien entre elle et Jim Morton dans le livre Apocalypse Culture parut aux éditions Camion Noir)
En 1996 Lynne Stopkewich réalisa un film sur le sujet.
La même année que "Crash", voilà qu’une jeune canadienne propose elle aussi de briser le tabou de la nécrophilie, et ceci avec une douceur en totale contradiction avec le sujet, plutôt repoussant à la base.
Si le film de Cronenberg ne relate pas vraiment les errances de "baiseurs de morts", ses personnages étaient, on le rappel, fascinés par la rencontre Eros/Thanatos, par la tôle froissée et les chairs abîmées, voire mortes…une forme de nécrophilie donc.
Si le film de Cronenberg ne relate pas vraiment les errances de "baiseurs de morts", ses personnages étaient, on le rappel, fascinés par la rencontre Eros/Thanatos, par la tôle froissée et les chairs abîmées, voire mortes…une forme de nécrophilie donc.
La mise en scène de Stopkewich est minimaliste, simple (peu de personnages, pas d’effets de caméras délirants ou de flash surréalistes), posée : et Molly Parker porte divinement bien le film sur ses épaules, discrète et charmante. Et quel plaisir de se plonger dans son regard, étrangement gorgé d’optimisme et d’espoir, et d’une passion aussi insondable pour le spectateur que pour l’homme qui l’aime.