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MELODIE DER WELT




Fiche technique

  • Réalisateur : Walter Ruttmann
  • Scénariste : Walter Ruttmann
  • Musique : Wolfgang Zeller

Walter Ruttmann, est un cinéaste allemand pionner du « cinéma absolu », né le 28 décembre 1887 à Francfort et mort le 15 juillet 1941 à Berlin.
Après des débuts au cinéma avec des films abstraits (Opus I, II, III, IV) et avec des films expérimentaux fondés sur des essais visuels : Berlin, symphonie d'une grande ville (1927), Mélodie du monde (1929), Ruttmann pousse les limites de l'expérimentation dans Week-end (1930), qui ne comporte qu'une bande-son sans image.
  
Week-end fut montré au deuxième congrès du cinéma indépendant de Bruxelles, en 1930. Jean Lenauer décrit le film avec pertinence dans le journal Pour vous du 24 juillet 1930 : « C’est un film parlant sans images. Oui sans images, pas un disque de phonographe mais un enregistrement sur film monté selon l’esprit du cinéma et auquel il ne manque que les images purement visuelles ; de même qu’on a fait du film muet on peut aujourd’hui, pour ainsi dire, faire du film « aveugle » ». Dans ce même article, Ruttmann explique très clairement sa conception du son cinématographique. Au lieu de l’utiliser comme un élément « décoratif destiné à souligner l’image », il souhaite produire « des choses différentes de l’image ». Le cinéaste précise : « il y a une perspective des sons comme il existe une perspective des lignes et l’on obtient, suivant que l’objet s’approche ou s’éloigne du microphone, une gamme infiniment variée de valeurs sonores ». C’est à cette recherche somme toute assez naïve de nuances sonores cueillies sur le vif avec des moyens techniques rudimentaires mais étonnamment précis et à leur juxtaposition à l’état de bribes (de signes d’une époque) suivant une trame narrative assez cocasse - surréaliste - que nous assistons à chaque fois que nous écoutons (ou regardons) ce film.

Il collabore, à l'orée de la Seconde Guerre mondiale, à des œuvres national-socialistes, comme Les Dieux du stade de Leni Riefenstahl. Il est mort le 15 juillet 1941 à Berlin des suites d'une blessure, alors qu'il tournait un film de propagande sur le front russe.

 
Le film se structure comme une symphonie visuelle, dans laquelle les Berlinois de 1927 jouent leur partition.
Contrairement à L'homme à la caméra de Vertov, les prises de vues sont classiques, presque esthétisantes et rythmées par les seuls mouvements des passants alternativement rapides ou lents avec des changements d'axes qui évoquent le flux de l'activité d'une grande ville.


Dans les épisodes 1, 2 et 4, une horloge indique l'heure comme si le film se déroulait sur une seule journée. Une partie de l'épisode 4 évoque pourtant la journée du dimanche avec ses activités de détente.
Une version de 1 446 mètres a été restaurée par la cinémathèque allemande en 2007.
Le film de Ruttmann, sur une idée de Carl Mayer, lance la formule du film symphonique dont Ménilmontant (1925) et Brumes d'automne (1927) de Kirsanoff étaient les précurseurs et qui donnera un autre chef-d'oeuvre : L'homme à la caméra (Vertov 1929). La formule du film symphonique se retrouve dans Paris Londres (Jean Arroy, 1927), A propos de Nice (Jean Vigo), Saô Paulo, symphonie d'une métropole (Alberto Kermany, 1929) ou même Pluie (1929) de Joris Ivens qui entreprend de restituer comme observée à la loupe l'aventure globale d'une ville sous une averse.
Georges Sadoul qui voit là s'amorcer un puissant retour au monde concret proposera d'appeler "troisième avant-garde" les cinéastes attentifs à la fois vérité des lieux, aux décors réels traités avec un soin ethnographique, aux rues démultipliées et aux surimpressions. 




Chronique d'un été



"Paris, été 1960. Alors que l’on assiste à la naissance de Nouvelle Vague et de ses Quatre Cents Coups, Edgar Morin suggère à Jean Rouch de tenter une expérience cinématographique de « cinéma-vérité ». Ils interviewent des parisiens de toutes classes sociales sur la façon dont ils se débrouillent avec la vie. Première question : êtes-vous heureux ? Les thèmes abordés qui en découlent sont variés : l'amour, le travail, les loisirs, la culture, le racisme...


Dans les allées du musée de l'homme, Jean Rouch se promène avec Edgar Morin qui conclut : " Nous interrogeons une vérité qui n'est pas la vérité des rapports quotidiens. Les gens, quand ils sont un peu plus libérés que dans la vie, on leur dit ou bien vous êtes des cabotins, ou bien, vous êtes des exhibitionnistes. Ce film nous réintroduit dans la vie de tous les jours, les gens ne sont pas guidés. Nous avons voulu faire un film d'amour et nous avons fait un film, non pas d'indifférence, mais de réactions qui n'est pas forcément un film de réactions sympathiques. C'est la difficulté de communiquer quelque chose".


Tout dans ce film est nouveau. A commencer par les premières images inquiétantes, sur fond sonore de sirène, de la banlieue parisienne au petit matin avant le générique, en passant par la célèbre phrase qui lui succède : "Ce film n'a pas été joué par des acteurs mais vécu par des hommes et des femmes qui ont donné des moments de leur existence à une expérience nouvelle de cinéma vérité", jusqu'à la nouvelle technique d'enregistrement du son synchrone. Il peut donc, à juste titre, être considéré, si ce n'est comme le film fondateur du cinéma-vérité, du moins comme un de ses jalons essentiels ainsi qu'un film annonciateur de la nouvelle vague et, surtout, un témoignage profondément humaniste des aspirations politiques et intellectuelles des années 60.



Un projet construit par Edgar Morin
Fin 1959, Edgar Morin connait le cinéma de Lionel Rogosin dont il vient de voir Come back, Africa. Il dit à son ami Jean Rouch qu'il serait temps qu'il tourne un film sur les blancs. Il suggère un film sur l'amour. Deux mois plus tard, il pense qu'il sera trop difficile de faire un film sans fiction sur un sujet aussi intime. Il propose alors à Jean Rouch le simple thème : "Comment vis-tu ? Comment tu te débrouilles avec la vie ?, question que nous poserions à des personnages de différents milieux sociaux et qui serait en fin de compte une question posée au spectateur." Edgar Morin obtient immédiatement l'adhésion du producteur Anatole Dauman qui répondit aussitôt laconiquement "J'achète " ! Le film commence fin mai 1960, alors que Rouch termine La pyramide humaine.
Jean Rouch utilise une caméra légère 16mm, la Coutant-Mathot reliée à un enregistreur Nagra ainsi. D'autre part la lourde caméra 35mm que j'appellerais la "Coutard" car la musculature de ce dernier lui permit de filmer de très loin, sans pied, les belles séquences chez Renault sans que les gens se sachent filmés.
La séquence sur la guerre d'Algérie ne dure que trois minutes. Jean-Marc ne trouve la désertion valide que si elle est soutenue par un large mouvement d'opinion. Ceux qui refusent la guerre doivent se faire le plus objectivement possible les témoins de ce refus. Il reproche à Régis de manifester de la discrétion dans le refus. Celui-ci ne dément pas. Il ressent avant tout du dégoût pour son époque sa veulerie dans la bêtise et l'inconscience. Au travers de titres de journaux qui font état des évènements d'Algérie puis de ceux du Congo belge, Rouch impose ensuite sa discussion sur les rapports Nord-Sud puis sur les camps d'extermination dont Marceline est une survivante.
Face à la détermination politique d'Edgar Morin, Rouch apparait surtout préoccupé de mixité des cultures et des lieux. C'est notamment lui qui impose le déplacement à Saint-Tropez où "Landry devient l'explorateur noir de la France en vacances."
Au début, il n'y a qu'une enquête sociologique. Mais peu à peu se dévoile ce qui travaille chacun en profondeur : le film se montre ainsi éminemment moderne, bien loin encore de ce que deviendront les engagements politiques de 68 et plus en phase avec notre monde contemporain : le désespoir politique, la solitude, et une permanente forme d'inquiétude sur le devenir de soi-même et du monde.

Jean-Luc Lacuve le 06/03/2012




Grand soir et petit matin





Documentaire de William Klein
(France, 1978, 1h30)


Mai 68 à Paris, au Quartier Latin, comme si vous l’aviez vécu. Réalisé par le peintre, photographe (partisan de l’objectif Elmarit 28mm sur un Leica M3) et réalisateur de cinéma aux plans très graphiques (Qui êtes-vous Polly Magoo ?, Mister Freedom, Le couple témoin), William Klein. Grands soirs et petits matins est considéré par son réalisateur comme un film qui aurait dû exister, tourné en 16mm par lui-même avec pour seul camarade un preneur de son.




Après les nuits d’émeutes au Quartier Latin, les barricades, les discussions entre les citoyens sur la révolution redémarrent, la parole se libère : « Il y a des organisations responsables qui, tout à coup, se sentent emprisonnées, tu comprends », « Il faut d’abord tout détruire, faire table rase », « Nous changerons lorsque nous n’aurons plus les vieilles badernes à la tête des syndicats, punaise, ceux-là tiennent à leur place ». Dans les facs, à la Sorbonne : « Il faut y aller franco, ils sont prêts à céder.-  La bourgeoisie ne cédera jamais d’un iota – Etes-vous pour la révolution ? - Camarades, il ne faut pas faire la révolution trop tôt, regardez les pays de l’Est ! »

À Censier, lors du comité de liaison écrivains-étudiants qui invente des slogans (« La grève désintoxique ») on découvre Marguerite Duras passionnée.



Infatigable, William Klein, caméra à l’épaule, est toujours là. À la crèche sauvage de la Sorbonne, aux comités d’action à l’Odéon, aux comités Gavroche-Sorbonne, près du corps médical organisé pendant les manifs. Mais aussi le 24 mai, jour et nuit, nouvelles scènes d’émeutes à Paris. Dispersion à la Place Saint-Michel : « C’est une provocation n’y cédez pas », prévient le service d’ordre étudiant qui crée les diversions. Le 29 mai, le général de Gaule quitte l’Elysée et disparaît à Baden-Baden pour consulter le général Massu (et non pas Cohn-Bendit). Les 4-5 juin reprise du travail. Voilà, c’est fini. Depuis, le bienheureux blabla prestigitatif des ultra-libéraux est devenu tellement bling bling,  qu’on en arrive à se souvenir de ceci : « Qu’est-ce que cent ans, qu’est-ce que mille ans, puisqu’un seul instant les efface ». En effet, les incantations de la pensée dominante se heurtent au réel. 




Tourné en 1968, mais achevé dix ans plus tard, « Grands soirs, petits matins » a été découvert lorsque la courte euphorie du mois de mai s’était depuis longtemps estompée, et se regarde davantage à la lumière de son importance cinématographique. Tourné par un photographe à l’aide de ces caméras sonores particulièrement souples, en circulation depuis quelques années seulement à l’époque, le film restitue cette impression d’agilité qui semblait donner des ailes aux cinéastes et les enjoignait à redéfinir leur travail en leur permettant de s’immerger dans la rue, et participer de manière concrète à cet élan collectif, du don de matériel à un point de vue modifié sur le rôle même du cinéma.


Visionner le film ( sous titrage en espagnole) :

 

Animal Love (Tierische Liebe)



Pays: Autriche
Réalisateur: Ulrich SEIDL
Date: 1996
Genre: documentaire
Durée: 1h54
Scénario: Ulrich Seidl
Production:  Erich Lackner, Hans Selikovsky Lotus-Film GesmbH
                     

Ulrich SEIDL film avec un regard clinique et impassible l'intimité de marginaux et de l'amour qu'ils portent à l'égard de leurs animaux aux marges de la zoophilie. La présentation du film par les critiques fait souvent l'objet de description relative à une misère affective et sexuelle. Dans Animal Love, il présente une série de portraits de Viennois de classes sociales diverses, pris sur le vif dans leurs expressions amoureuses envers leurs chiens.


« Quidams qui reportent leur amour mort sur des bébêtes en les caressant avec une frénésie douteuse ou en leur faisant des papouilles. Obéissant ainsi à l'idée selon laquelle plus on connaît l'être humain, plus on aime les bêtes. Ainsi, cet homme retrouvé dans des immondices à sa naissance qui vit dans un taudis avec son pote et arpente les bas-fonds du métro pour récolter du pognon avec un lapin dans ses bras; ainsi, cette poupée brisée de quarante ans qui lit toutes les lettres d'amour de ses anciens amoureux éphémères avant de se tourner vers son chien pour lui confesser son amour éternel; ainsi, ce couple qui s'amuse avec leur animal pour compenser l'absence d'une petite fille prématurément disparue; ainsi, ce couple de vieux garçons qui se servent dans leur bestiole pour agresser les consciences voisines; ainsi, cet homme qui mate un porno et appelle une opératrice de téléphone rose pour simuler une chaleur sexuelle dans son appartement glacial. Oui, l'énumération laisse craindre le pire dans le précipité maso-misérabiliste, l'inflation glauque et ses trémolos de rigueur. Mais Seidl ne montre que du réel, en tapant le poing sur sa caméra objective, spectatrice, témoigne. »


Parallèlement à ces personnage, le réalisateur montre un jeune couple échangiste qui a priori n'entretient pas de rapport avec les animaux mais les mets en rapport en montrant la manière animale dont il la prend. Le ton général du film tend à sonder « l'envers inavouable d'une société malade où la frontière morale est bannie depuis des lustres ». Pas certain qu'il s'agisse finalement de zoophilie.


Le scandale provoqué par le film en 1996 accorde un succès tardif au réalisateur. Les pires critiques ont été adressées à l'égard du réalisateur: « pornographie sociale », « sodomie bestiale »... Alors qu'il semble que le réalisateur aborde avec réserve une vérité : le fait que les autrichiens soient capables de beaucoup plus d'affection envers leur animal domestique que leur voisins ou leur famille.

Site: http://www.ulrichseidl.com


 

La maladie mentale, c'est le bal musette ...



Alain Rault, est une figure de Rouen ( France) , il passe ses journées dans les rues de la ville, il s'arrête souvent sur un mur, une gouttière, une porte ou autre endroit qu'il pourra graver.
A l'aide d'un clou le plus souvent, mais aussi d'une pointe de couteau ou encore d'une pièce de monnaie, il grave et scarifie la ville.



Selon ses propos, cet homme originaire de Rouen, s'est retrouvé à la rue par choix. Il aurait passé le pas pour être libre; La liberté, SA liberté il la vit au quotidien, à sa manière, il se considère comme un homme libre, libre de s'exprimer par ses gravures, libre de ne plus dépendre de notre société, refusant
souvent l'aide des différentes associations de la ville.

 

Alain est désocialisé depuis plus de 30 ans et aurait un peu plus de 50 ans.  



Il a été filmé pendant un an et demi dans son quotidien, par David Thouroude et Pascal Héranval pour un film-documentaire qui a été diffusé au cinéma le Melville dans le cadre du festival "Art & déchirure". 


Titre original : Playboy Communiste
Genre : Documentaire
Durée : 45 min
Sortie : 2009 France
Réalisation : David Thouroude / Pascal Héranval
Auteurs : Alain Rault / David Thouroude / Pascal Héranval
Production : David Thouroude / Pascal Héranval
Coproduction : David Thouroude / Mil Sabords / Pascal Héranval
Photographie : David Thouroude
Musique originale : Pascal Héranval
Audio : Français
Sous-titrage : Français 






معركة الجزائر

« La Bataille d’Alger » de Gillo Pontecorvo a longtemps été invisible sur les écrans français. Mais cette censure est très particulière puisque ne venant pas de l’Etat, comme ce fût le cas de tous les autres films tournés pendant la guerre d’Algérie et sortis en salles après 1962.Cette fois, l’interdiction est venue de la « société », les exploitants des salles renonçant à la projection de ce film à la suite de menaces proférées par des associations de rapatriés (les « pieds-noirs ») ou d’anciens combattants (les officiers ou soldats ayant accompli leur service militaire en Algérie).


En 1966, le jury du Festival de Venise attribue le Lion d’Or à la Bataille d’Alger. Tourné seulement trois ans après la guerre d’Algérie dans les ruelles de la célèbre Casbah, sur les lieux même où se déroula la « Bataille », le film possède, d’abord, une grande valeur documentaire. On y voit l’assaut donné dans l’hiver 1957 par les paras du colonel Bigeard et du général Massu. Les officiers français sont montrés comme des « professionnels » froids de la lutte antiguerilla (et cet aspect sera très vite repéré et utilisé par les écoles américaines d’instruction, alors en guerre au Vietnam ou en Amérique latine). Le problème de la torture est traité, montré, visualisé en une scène saisissante. Celui de la violence aveugle contre des populations civiles aussi, à travers le visage d’un enfant juste avant l’explosion d’une bombe meurtrière. En France, le film ne sera pas diffusé, sous la pression des principales organisations de rapatriés (c’était alors le terme qui désignait les populations européennes exilées d’Algérie après l’été 1962).


Après la grève générale de mai juin 1968, une nouvelle génération arrive sur le devant de la scène politique, qui n’a pas connu la guerre d’Algérie. Les jeunes à ce moment, qui entrent en politique, veulent s’attaquer aux silences de l’histoire officielle française. La période de Vichy sera mise en accusation notamment à travers le documentaire Le Chagrin et la Pitié, de Marcel Ophuls qui donnait le visage d’un pays bien peu résistant. Mais il y avait aussi la guerre d’Algérie, et en 1971 ou 1972, les films Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier, ou RAS de Yves Boisset rencontrent un grand succès parmi les jeunes. Est-ce alors le moment pour que revienne La Bataille d’Alger sur les écrans ? Non. Le distributeur de l’époque demande au début de l’année 1970 un visa de censure pour exploiter le film. Le 4 juin 1970, à la veille de sa sortie, les directeurs de salle parisiens décident brusquement de le retirer de l’affiche. Les menaces des organisations d’anciens combattants, en particulier les parachutistes, sont très précises, très fortes. Le précédent de la pièce de théâtre, Les Paravents de Jean Genet est dans tous les esprits. Des anciens parachutistes avaient fait irruption au théâtre de l’Odéon le 1ier octobre 1966, et avaient dévasté la salle. Le 20 août 1970, à la fin de l’été, un directeur de salle du quartier latin décide la projection de La Bataille d’Alger. Mais c’est une projection unique, sans lendemain… Un an plus tard, en octobre 1971, le cinéma « Studio Saint Séverin » à Paris le programme pour la première fois en séance régulière. Les vitrines du cinéma sont brisées à chaque séance. Le film devient l’enjeu de batailles rangées au Quartier latin, place forte de la dissidence étudiante contre le pouvoir, entre militants de l’extrême gauche et de l’extrême droite (emmenés par le groupuscule « Occident »). Le directeur de salle finira par retirer le film. Et il faudra attendre … octobre 2004 pour que la Bataille d’Alger sorte à nouveau en salles à Paris, et soit diffusé à une heure de grande écoute sur une chaîne de télévision française. Le film ne connaîtra pas une large audience, en salles ou à la télévision.


Le 4 juin 1970, à la veille de sa sortie, les directeurs de salle parisiens décident brusquement de le retirer de l’affiche. Les menaces des organisations d’anciens combattants, en particulier les parachutistes, sont très précises, très fortes. Le précédent de la pièce de théâtre, Les Paravents de Jean Genet est dans tous les esprits. Des anciens parachutistes avaient fait irruption au théâtre de l’Odéon le 1ier octobre 1966, et avaient dévasté la salle. Le 20 août 1970, à la fin de l’été, un directeur de salle du quartier latin décide la projection de La Bataille d’Alger. Mais c’est une projection unique, sans lendemain… Un an plus tard, en octobre 1971, le cinéma « Studio Saint Séverin » à Paris le programme pour la première fois en séance régulière. Les vitrines du cinéma sont brisées à chaque séance. Le film devient l’enjeu de batailles rangées au Quartier latin, place forte de la dissidence étudiante contre le pouvoir, entre militants de l’extrême gauche et de l’extrême droite (emmenés par le groupuscule « Occident »). Le directeur de salle finira par retirer le film. Et il faudra attendre … octobre 2004 pour que la Bataille d’Alger sorte à nouveau en salles à Paris, et soit diffusé à une heure de grande écoute sur une chaîne de télévision française. Le film ne connaîtra pas une large audience, en salles ou à la télévision.


L’histoire de la longue invisibilité de La Bataille D’Alger est significative du rapport entretenu entre la société française, la guerre d’Algérie et sa représentation au cinéma. Ce film n’a pas connu une censure officielle, étatique rendant sa diffusion impossible. Il n’existe pas de décret visant directement le film de Pontécorvo, comme au même moment celui qui frappa La Religieuse de Jacques Rivette (adapté de l’œuvre de Diderot).  Contrairement aux apparences, la censure est donc venue d’ailleurs. D’abord, des groupes porteurs de la mémoire de l’Algérie française, voulant absolument défendre la « mission civilisatrice » de la France dans les colonies. Ces groupes étaient très actifs, puissants, bien organisés, surtout quelques années seulement après l’indépendance algérienne. Quarante ans après, ils n’ont pas disparu (on a pu voir leur efficacité au moment du vote de la loi du 23 février 2005 dont l’article vantait « l’œuvre positive de la présence française outre-mer »), mais leur rôle est bien moins important. La mémoire coloniale a du mal à se transmettre. Mais la censure est venue également des… spectateurs. Les Français ont toujours du mal à regarder en face leur passé colonial, et le principal problème du genre « films de guerre d’Algérie » est bien celui de l’indifférence du public, des échec commerciaux de chaque film.
Cette double censure « d’en bas », de la part des nostalgiques de l’Algérie française et des Français dans un sens plus large, nous entraîne ailleurs : là où le passé ne passe pas, vers l’auto-censure…
Propos de Benjamin Stora 

Vivre vite et mourir !! GG Allin


GG Allin, né Jesus Christ Allin, chanteur punk hardcore et transgressif, hyper toxicomane, alcoolique, et choquant à l’extrême sur scène comme dans la vie de tous les jours.
GG Allin ,est né le 29 août 1956, à Lancaster (New Hampshire Etats-unis). Il connaît une enfance difficile, dans une petite maison faite de bric et de broc sans électricité ni eau, avec un père instable, religieux fanatique, interdisant le dialogue à la maison. C’est d’ailleurs son père, qui lui a donné ce « sacré » nom de Jesus Christ Allin persuadé qu’il était une figure messianique.


 Sa mère pour lui donner une chance de s’intégrer et de ne pas être la risée de tout le monde pendant toute sa vie, le fait changer de nom le 2 mars 1962: il devient ainsi Kevin Michael Allin.
Il vit au coté de son frère aîné, Merle Allin, qui lui donne ce surnom ‘gg’ malgré lui, car étant petit il prononçait ‘jiji’ à la place de Jesus.
Dès son plus jeune âge il s’avère être très instable, rebelle et aimant choquer.
On retrouve des photos de classes de première où on peut le voir déguisé en drag queen.
A son adolescence il passe son temps à traîner, dealer de la drogue, entrer par effraction chez les gens, voler, etc.


Batteur à ses débuts, il devient un chanteur-batteur, puis chanteur, dont les apparitions deviennent de plus « spectaculaires » . Il a appartenu à de nombreuses formations punk (plus d’une vingtaine) durant sa carrière, mais cet artiste très prolifique, aimait aussi jouer de la country, et du rock ‘n’ roll. Sur scène, ses apparitions sont de véritables éloges à l’auto-destruction, l’auto-mutilation, la scatophilie, et la sexualité outrancière



Il joue souvent nu, couvert de son propre sang (il s’ouvre généralement avec des objets coupants) et de sa propre matière fécale. En effet, il utilisait très souvent des laxatifs avant ses concerts afin de déféquer sans problème sur scène et lançait alors ses fèces sur le public en « délire ». Il se bâtait constamment avec son public qu’il aimait insulter ou bien mettre au défi de lui faire une fellation. C’était donc un fervent défenseur de l' art performance ou du shock rock.



Bien qu’il l’avait de nombreuses fois laissé entendre, GG Allin ne s’est pas suicidé sur scène. Il est mort d’une overdose d’héroïne, lors d’une fête, le 28 juin 1993 dans l’appartement d’une amie. Son dernier concert, au club « The Gas Station » à New York, le soir même de sa mort, fût un des plus mémorables de sa carrière. Après avoir fait quelques morceaux, une coupure de courant le poussa à sortir complètement nu, couvert de sang et d’excréments (comme à son habitude) dans les rues de New Yorks, laissant ses nombreux fans l’embrasser devant des passants outrés.




 

Son enterrement reste aussi très transgressif. Selon ses vœux, il fût donc mis dans son cercueil, non lavé (c’est à dire plein de sang et d’excréments), non maquillé, avec une simple veste en cuir et un slip en sparadrap. Ses amis prirent alors de nombreuses photos de lui, organisant une véritable fiesta autour de sa dépouille, posant à coté de lui, lui mettant de la cocaïne et du whisky dans la bouche, et baissant son slip pour prendre des photos de son pénis.

 

 

C'est en 1994 que le documentaire de Todd Philipps voit le jour « Hated: GG Allin and the murder junkies ». Ce documentaire retrace la carrière mouvementée de GG Allin, il contient des images de concerts, des interviews de GG Allin, des images de son enfance dans le rural  New Hampshire ainsi que des images de son enterrement. On peut notamment y voir une scène tournée à l’Université de New York, où il se met nu face à son public et s’insère une banane dans l’anus, injuriant les jeunes gens et leur disant simplement que si le spectacle ne leur plaît pas il peuvent partir

 

 

LIVE FAST and DIE !!


 

Télécharger le documentaire de Todd Philipps « Hated: GG Allin and the murder junkies » : http://www.multiupload.com 

(Fichier Zip) Mot de passe : lesintrouvables

Qualité : DVDRip

Langue : VOSTF 

 





 

In Prison My Whole Life

Mumia Abu-Jamal est né le 24 avril 1954. Né Wesley Cook, Mumia choisira ce prénom swahili au lycée, sous l’influence d’un enseignant d’origine kenyane. Il y ajoutera “Abu-Jamal” à la naissance de son premier fils, Jamal. A l’âge de 14 ans, Mumia est arrêté et battu pour avoir protesté contre un meeting du candidat ultraraciste George Wallace, à Philadelphie. Peu après, il est fiché par le FBI pour avoir voulu rebaptiser son lycée “Malcolm X”.
En 1969, le jeune homme est chargé de l’information à la section de Philadelphie du Black Panther Party. Le FBI le considère comme l’une des personnes “à surveiller et interner en cas d’alerte nationale”.
Il est l’une des cibles du Cointelpro (programme d’infiltration et de contre-espionnage) dont seront victimes Leonard Peltier et d’autres membres de l’Américan Indian Movement et des Black Panthers.
Devenu journaliste de radio apprécié, lauréat de plusieurs prix, Mumia est surnommé “la voix des sans-voix” pour sa critique de la corruption de la police et des dirigeants politiques locaux. Depuis 1978, il dénonce la violente répression qui frappe la communauté MOVE et, en 1981 suit le procès de son fondateur, John Africa, qui sera acquitté des charges fabriquées contre lui. Le soutien de Mumia à MOVE exaspère les politiques et la police de Philadelphie et lui vaut le renvoi d’une des stations de radio où il exerce. Pour faire vivre sa famille, Mumia est contraint de travailler comme taxi de nuit.
Aux premières heures du 9 décembre 1981, Mumia Abu-Jamal est grièvement blessé lors d’une fusillade dans le quartier sud de la ville, où il vient de déposer un client. Arrêté, il est accusé du meurtre d’un policier, Daniel Faulkner, tué dans cette fusillade. Malgré ses dénégations, malgré son absence d’antécédents judiciaires, une enquête inéquitable (expertises balistiques inexistantes, balles non identifiables, absence de relevé d’empreintes, zone des faits non sécurisée, tests non effectués, etc.) conclut à la culpabilité de Mumia. Témoins menacés, subornés, écartés, rapports de police contradictoires, violations de ses droits, mèneront, en juillet 1982, à la condamnation à mort de cet opposant politique gênant sous la pression d’un juge recordman de la sentence...

Mumia est “le coupable idéal”



« Imaginez une minute dans le couloir de la mort. Maintenant imaginez dix millions de minutes... » Si cette réalité vous semble encore abstraite, elle est en revanche beaucoup plus palpable pour William Francome. Ce jeune homme britannique a vu le jour le 9 décembre 1981, au moment même où Mumia Abu-Jamal (MAJ) perdait sa liberté, accusé du meurtre d’un policier de Philadelphie. A 55 ans passés, MAJ a déjà passé près de 30 ans en prison ; il est devenu au fil du temps un symbole incontournable de la lutte contre la peine capitale aux États-unis. William décide alors de partir sur les traces de celui qui incarne à ses yeux « l’homme qui a passé toute ma vie en prison ».

  





Libérons Mumia Abu-Jamal : http://www.mumiabujamal.com
In prison my whole life : http://www.inprisonmywholelife.com


Je reviens sur cet article écrit il y a quelques semaines car le  procureur de Philadelphie a renoncé à redemander la peine de mort contre Mumia Abu-Jamal, a annoncé mercredi 7 décembre 2011 son avocat.

Une victoire / Une éternité
  
Près de trente ans après sa condamnation à mort pour le meurtre d'un policier blanc, cette décision implique que, selon la loi de l'Etat de Pennsylvanie, Mumia Abu-Jamal, l'un des plus célèbres condamnés à mort des Etats-Unis, finira sa vie en prison sans possibilité de libération.

"Abu-Jamal ne sera plus condamné à mort, mais il restera derrière les barreaux pour le restant de ses jours, et c'est là qu'il doit être", a précisé le procureur, Seth Williams, ajoutant qu'il n'avait "aucun doute" sur le fait que Mumia Abu-Jamal, 57 ans, avait tué le policier Daniel Faulkner le 9 décembre 1981.


SYMBOLE D'UNE JUSTICE "RACISTE"


"Les procureurs ont fait ce qu'il fallait faire. Après trente ans, il était temps de mettre fin à cette recherche de la peine de mort", s'est réjoui le NAACP, principale organisation de défense des droits civiques des Noirs américains, qui a assisté le condamné dans sa défense. "Justice est rendue lorsqu'une condamnation à mort par un jury mal informé est annulée", a ajouté son avocate Judith Ritter.

La NAACP avait dénoncé le manque d'équité des audiences qui avaient conduit à la condamnation à mort d'Abu-Jamal, par un jury exclusivement blanc. La femme du policier Maureen Faulkner a quant à elle affirmé qu'"il ne restait plus tant de temps que ça avant qu'Abu-Jamal soit confronté au juge suprême, et qu'[elle] attendait ce moment avec impatience".

M. Abu-Jamal, qui fut un temps journaliste de radio, a écrit plusieurs livres et des dizaines d'articles depuis le couloir de la mort. Pour ses  partisans, il était le symbole d'une justice raciste. Une pétition internationale avait été lancée en ligne en janvier 2010 pour demander au président américain Barack Obama de se prononcer contre la condamnation à mort. Elle a recueilli des dizaines de milliers de signatures, dont celles de l'ancienne première dame de France Danielle Mitterrand, depuis décédée, de l'écrivain allemand Günter Grass ou encore du linguiste américain Noam Chomsky.


MAUVAISE FORMULATION


En octobre dernier, la Cour suprême américaine avait refusé de se saisir du dossier, après qu'une cour d'appel fédérale eut décidé au printemps que la condamnation de Mumia Abu-Jamal devait être réexaminée, les instructions données aux jurés lors du procès en 1982 étant mal formulées.

C'est dans ce cadre que les procureurs de Philadelphie ont renoncé mercredi à redemander la peine de mort, après des années de bataille judiciaire à tous les niveaux de juridiction.


Source : LeMonde.fr