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Entre réalité et fiction

Frances Glessner Lee (1872-1962). Américaine de la bonne société entravée dans ses études par son père, confinée dans le rôle de maîtresse de maison,  fascinée par un camarade de son frère, célèbre criminologue, elle se lança à cinquante ans passés dans sa passion, la médecine légale, en la conciliant avec le monde domestique qui était son univers : elle se fit une spécialité de la reconstitution de crimes à l'échelle de pièces miniatures.



Fondatrice du Département de Sciences Médico-légales d’Harvard en 1936, Frances Glessner Lee fut également nommée Capitaine de la police du New Hampshire. Durant les années 1940 et 1950, elle permit à la police scientifique d’effectuer des progrès majeurs dans la résolution d’affaires classées sans suite grâce aux scènes de crime qu’elle reconstituait à l’échelle 1:12 dans des maisons de poupée.





Ces maquettes, qui reproduisent des homicides réels, des suicides et des morts accidentelles, étaient des supports pédagogiques et les outils de travail de détectives qui affinaient grâce à elles leur habileté à analyser les indices visuels. Toujours utilisées dans la formation médico-légale aujourd’hui, les dix-huit maquettes de Lee affichent un nombre étonnant de détails : du stylo posé sur la table au plus petit mégot de cigarette, aucun objet ne manque, révélant les indices des crimes à ceux qui étudient les scènes soigneusement.





Documentées récemment par l'ouvrage de Corinne May Botz, The Nutshell Studies of Unexplained Death (2004), qui regroupe dix-huit maquettes conçues par la criminologue américaine Frances Glessner Lee (1878 – 1962). 

Site de Corinne May Botz : www.corinnebotz.com




Pierre Dourthe, conférencier au Centre Pompidou : 

« Les reconstitutions en miniature de scènes de crimes initiées par une riche héritière de Chicago, devenue criminologue dans les années 1940, Frances Glessner Lee, ont constitué une contribution non négligeable à l'avancée des sciences médico-légales. Documentées récemment par l'ouvrage de Corinne May Botz, The Nutshell Studies of Unexplained Death (2004), elles offrent une vision singulière du théâtre du crime, mais elles permettent bien plus pour nous une approche de la fabrique du récit et de son contexte, une exploration des rapports entre réalité et fiction, une réflexion sur le processus d'enregistrement du passé et de sa reproduction. » Pierre Dourthe

 


Pierre Dourthe, Le lieu du crime et la question... par centrepompidou 


In Prison My Whole Life

Mumia Abu-Jamal est né le 24 avril 1954. Né Wesley Cook, Mumia choisira ce prénom swahili au lycée, sous l’influence d’un enseignant d’origine kenyane. Il y ajoutera “Abu-Jamal” à la naissance de son premier fils, Jamal. A l’âge de 14 ans, Mumia est arrêté et battu pour avoir protesté contre un meeting du candidat ultraraciste George Wallace, à Philadelphie. Peu après, il est fiché par le FBI pour avoir voulu rebaptiser son lycée “Malcolm X”.
En 1969, le jeune homme est chargé de l’information à la section de Philadelphie du Black Panther Party. Le FBI le considère comme l’une des personnes “à surveiller et interner en cas d’alerte nationale”.
Il est l’une des cibles du Cointelpro (programme d’infiltration et de contre-espionnage) dont seront victimes Leonard Peltier et d’autres membres de l’Américan Indian Movement et des Black Panthers.
Devenu journaliste de radio apprécié, lauréat de plusieurs prix, Mumia est surnommé “la voix des sans-voix” pour sa critique de la corruption de la police et des dirigeants politiques locaux. Depuis 1978, il dénonce la violente répression qui frappe la communauté MOVE et, en 1981 suit le procès de son fondateur, John Africa, qui sera acquitté des charges fabriquées contre lui. Le soutien de Mumia à MOVE exaspère les politiques et la police de Philadelphie et lui vaut le renvoi d’une des stations de radio où il exerce. Pour faire vivre sa famille, Mumia est contraint de travailler comme taxi de nuit.
Aux premières heures du 9 décembre 1981, Mumia Abu-Jamal est grièvement blessé lors d’une fusillade dans le quartier sud de la ville, où il vient de déposer un client. Arrêté, il est accusé du meurtre d’un policier, Daniel Faulkner, tué dans cette fusillade. Malgré ses dénégations, malgré son absence d’antécédents judiciaires, une enquête inéquitable (expertises balistiques inexistantes, balles non identifiables, absence de relevé d’empreintes, zone des faits non sécurisée, tests non effectués, etc.) conclut à la culpabilité de Mumia. Témoins menacés, subornés, écartés, rapports de police contradictoires, violations de ses droits, mèneront, en juillet 1982, à la condamnation à mort de cet opposant politique gênant sous la pression d’un juge recordman de la sentence...

Mumia est “le coupable idéal”



« Imaginez une minute dans le couloir de la mort. Maintenant imaginez dix millions de minutes... » Si cette réalité vous semble encore abstraite, elle est en revanche beaucoup plus palpable pour William Francome. Ce jeune homme britannique a vu le jour le 9 décembre 1981, au moment même où Mumia Abu-Jamal (MAJ) perdait sa liberté, accusé du meurtre d’un policier de Philadelphie. A 55 ans passés, MAJ a déjà passé près de 30 ans en prison ; il est devenu au fil du temps un symbole incontournable de la lutte contre la peine capitale aux États-unis. William décide alors de partir sur les traces de celui qui incarne à ses yeux « l’homme qui a passé toute ma vie en prison ».

  





Libérons Mumia Abu-Jamal : http://www.mumiabujamal.com
In prison my whole life : http://www.inprisonmywholelife.com


Je reviens sur cet article écrit il y a quelques semaines car le  procureur de Philadelphie a renoncé à redemander la peine de mort contre Mumia Abu-Jamal, a annoncé mercredi 7 décembre 2011 son avocat.

Une victoire / Une éternité
  
Près de trente ans après sa condamnation à mort pour le meurtre d'un policier blanc, cette décision implique que, selon la loi de l'Etat de Pennsylvanie, Mumia Abu-Jamal, l'un des plus célèbres condamnés à mort des Etats-Unis, finira sa vie en prison sans possibilité de libération.

"Abu-Jamal ne sera plus condamné à mort, mais il restera derrière les barreaux pour le restant de ses jours, et c'est là qu'il doit être", a précisé le procureur, Seth Williams, ajoutant qu'il n'avait "aucun doute" sur le fait que Mumia Abu-Jamal, 57 ans, avait tué le policier Daniel Faulkner le 9 décembre 1981.


SYMBOLE D'UNE JUSTICE "RACISTE"


"Les procureurs ont fait ce qu'il fallait faire. Après trente ans, il était temps de mettre fin à cette recherche de la peine de mort", s'est réjoui le NAACP, principale organisation de défense des droits civiques des Noirs américains, qui a assisté le condamné dans sa défense. "Justice est rendue lorsqu'une condamnation à mort par un jury mal informé est annulée", a ajouté son avocate Judith Ritter.

La NAACP avait dénoncé le manque d'équité des audiences qui avaient conduit à la condamnation à mort d'Abu-Jamal, par un jury exclusivement blanc. La femme du policier Maureen Faulkner a quant à elle affirmé qu'"il ne restait plus tant de temps que ça avant qu'Abu-Jamal soit confronté au juge suprême, et qu'[elle] attendait ce moment avec impatience".

M. Abu-Jamal, qui fut un temps journaliste de radio, a écrit plusieurs livres et des dizaines d'articles depuis le couloir de la mort. Pour ses  partisans, il était le symbole d'une justice raciste. Une pétition internationale avait été lancée en ligne en janvier 2010 pour demander au président américain Barack Obama de se prononcer contre la condamnation à mort. Elle a recueilli des dizaines de milliers de signatures, dont celles de l'ancienne première dame de France Danielle Mitterrand, depuis décédée, de l'écrivain allemand Günter Grass ou encore du linguiste américain Noam Chomsky.


MAUVAISE FORMULATION


En octobre dernier, la Cour suprême américaine avait refusé de se saisir du dossier, après qu'une cour d'appel fédérale eut décidé au printemps que la condamnation de Mumia Abu-Jamal devait être réexaminée, les instructions données aux jurés lors du procès en 1982 étant mal formulées.

C'est dans ce cadre que les procureurs de Philadelphie ont renoncé mercredi à redemander la peine de mort, après des années de bataille judiciaire à tous les niveaux de juridiction.


Source : LeMonde.fr

Mickael REEDY / Arthur RIMBAUD

Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.

Messire Belzébuth tire par la cravate
Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel,
Et, leur claquant au front un revers de savate,
Les fait danser, danser aux sons d'un vieux Noël !

Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles
Comme des orgues noirs, les poitrines à jour
Que serraient autrefois les gentes damoiselles
Se heurtent longuement dans un hideux amour.

Hurrah ! les gais danseurs, qui n'avez plus de panse !
On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs !
Hop ! qu'on ne sache plus si c'est bataille ou danse !
Belzébuth enragé racle ses violons !
Ô durs talons, jamais on n'use sa sandale !
Presque tous ont quitté la chemise de peau ;
Le reste est peu gênant et se voit sans scandale.
Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau :

Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées,
Un morceau de chair tremble à leur maigre menton :
On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées,
Des preux, raides, heurtant armures de carton.
Hurrah ! la bise siffle au grand bal des squelettes !
Le gibet noir mugit comme un orgue de fer !
Les loups vont répondant des forêts violettes :
A l'horizon, le ciel est d'un rouge d'enfer...

Holà, secouez-moi ces capitans funèbres
Qui défilent, sournois, de leurs gros doigts cassés
Un chapelet d'amour sur leurs pâles vertèbres :
Ce n'est pas un moustier ici, les trépassés !
Oh ! voilà qu'au milieu de la danse macabre
Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou
Emporté par l'élan, comme un cheval se cabre :
Et, se sentant encor la corde raide au cou,

Crispe ses petits doigts sur son fémur qui craque
Avec des cris pareils à des ricanements,
Et, comme un baladin rentre dans la baraque,
Rebondit dans le bal au chant des ossements.
Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.

Bal des pendus - Arthur RIMBAUD

Site de Mickael REEDY : http://mikereedy.com/ 







Il pleut aujourd'hui

Edward Steichen (American, born Luxembourg, 1879–1973), The Flatiron, 1904

Haunted Air

Membre notoire de Cyclobe, du Coil dernière période et collaborateur occasionnel de Current 93 et Thighpaulsandra, Ossian Brown collectionne depuis plus de dix ans les photos des fêtes de Samhain et d'Halloween. La centaine de clichés datés de 1875 à 1955 qu'il a ainsi réuni se retrouve aujourd'hui dans Haunted Air,accompagné pour l'occasion d'une préface de David Lynch.
Ossian Brown, dit de sa collection et de sa passion de collectionner des photos anonymes :
"I think a lot of them ended up in house clearance sales after the original owner had died, with no one there to inherit them, so they’ve become disembodied from their past – even more so as many of the people in my pictures are wearing masks, and as a result they’ve become untraceable, severed. So aside from scrutinising the houses and gardens, the old barns, there’s nothing to link them back to their families. There’s nothing left of the people behind the masks. They’re no longer wearing masks, they’ve become them – they’re like stranded spectres".
THESE ARE THE PHOTOGRAPHS PIERRE SHOWED ME
THEY ARE FROM THE GREAT COLLECTION OF OSSIAN BROWN 
PIERRE WAS RIGHT - I LIKE THESE PHOTOGRAPHS VERY VERY MUCH 
DAVID LYNCH

Häxan de Benjamin Christensen


Häxan est un film muet écrit et réalisé par Benjamin Christensen en 1922. Basé en partie sur l'étude de Christensen du "Malleus Maleficarum".
Il s'agit d'un document sur la sorcellerie, telle qu'elle fut décrite par les minutes d'innombrables procès, du XVe au XVIIe siècle, composé de plusieurs séquences.
Encense par les surréalistes "Haxan" est pour Adou Kirou "le plus violent requisitoire contre la criminelle Eglise, son inquisition et ses instruments de torture. Ce documentaire devrait passer dans tous les lycees du monde."
Ce film fut censuré aux Etats-Unis et dans d'autres pays, trop réaliste, on l'accusa de montrer trop de scène de torture, de nudité et de perversion sexuelle.
Il existe deux versions du film : une version originale (et intégrale) sortie en Suède en 1922 qui est muette et accompagnée de morceaux classiques. Et une version pour le marché américain, sortie dans les années 60, narrée par William Burroughs (un des chefs de file de la "Beat Generation" par ailleurs très apprécié en ces lieux) sur fond de musique Jazz. Cette dernière version a toutefois été amputée de quelques scènes.







Karen Greenlee


Karen Greenlee est nécrophile. Il y a cinq ans, elle a fait la "une" de l'actualité après avoir fait une fugue de deux jours au volant d'un corbillard. Au lieu de conduire le corps au cimetière, elle a décidé de passer un moment avec le cadavre.
La police finira par la retrouver dans le comté voisin, en pleine overdose de codéine Tylenol. Elle fut accusée de conduite illégale d'un corbillard, et d'interférence dans le bon déroulement d'un enterrement ( il n'y a pas de loi sanctionnant la nécrophilie en Californie). Dans le cercueil, Kathy a laissé une lettre de quatre pages et demie dans laquelle elle confesse des épisodes amoureux avec entre 20 et 30 cadavres masculins. La lettre était chargée de remords envers ses désirs sexuels : " Pourquoi est-ce que je fais cela? Pourquoi ? Pourquoi ? La peur de l'amour, des relations avec les autres. Je n'ai jamais rien ressenti d'aussi fort .... c'est l'enfer. Je suis un rat de morgue? C'est mon univers, peut-être ma tombe."
(Il excite un entretien entre elle et Jim Morton dans le livre Apocalypse Culture parut aux éditions Camion Noir)
En 1996 Lynne Stopkewich réalisa un film sur le sujet.
La même année que "Crash", voilà qu’une jeune canadienne propose elle aussi de briser le tabou de la nécrophilie, et ceci avec une douceur en totale contradiction avec le sujet, plutôt repoussant à la base.
Si le film de Cronenberg ne relate pas vraiment les errances de "baiseurs de morts", ses personnages étaient, on le rappel, fascinés par la rencontre Eros/Thanatos, par la tôle froissée et les chairs abîmées, voire mortes…une forme de nécrophilie donc.
La mise en scène de Stopkewich est minimaliste, simple (peu de personnages, pas d’effets de caméras délirants ou de flash surréalistes), posée : et Molly Parker porte divinement bien le film sur ses épaules, discrète et charmante. Et quel plaisir de se plonger dans son regard, étrangement gorgé d’optimisme et d’espoir, et d’une passion aussi insondable pour le spectateur que pour l’homme qui l’aime.