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Cantique des Cantiques
1. Poème des poèmes qui est à Shelomo.
Cant1 2. Il me baisera des baisers de sa bouche; oui, tes étreintes sont meilleures que le vin.
3. À l'odeur, tes huiles sont bonnes, ton nom est une huile jaillissante; aussi, les nubiles t'aiment.
4. Tire-moi derrière toi, courons ! Le roi m'a fait venir en ses intérieurs. Jubilons, réjouissons-nous en toi ! Mémorisons tes étreintes mieux que le vin ! Les rectitudes t'aiment.
5. Moi, noire, harmonieuse, filles de Ieroushalaîm, comme tentes de Qédar, comme tentures de Shelomo.
6. Ne me voyez pas, moi, la noirâtre: oui, le soleil en moi s'est miré. Les fils de ma mère ont brûlé contre moi; ils m'ont mise gardienne de vignobles. Mon vignoble à moi, je ne l'ai pas gardé!
7. Rapporte-moi, toi que mon être aime, où tu pais, où tu t'étends à midi ; car pourquoi serais-je comme affublée, auprès des troupeaux de tes amis ?
8. Si tu ne le sais pas pour toi, la belle parmi les femmes, sors pour toi sur les traces des ovins; pâture tes chevreaux aux demeures des pâtres.
9. À ma jument, aux attelages de Pharaon, je te compare, ô ma compagne !
10. Tes joues sont harmonieuses dans les pendeloques, ton cou dans les gemmes.
11. Nous ferons pour toi des pendeloques d'or, avec des pointes d'argent.
12. Le roi encore sur son divan, mon nard donne son odeur.
13. Mon amant est pour moi un sachet de myrrhe; il nuite entre mes seins.
14. Mon amant est pour moi une grappe de cypre, aux vignobles de 'Éïn Guèdi.
15. Te voici belle, ma compagne, te voici belle aux yeux palombes.
16. Te voici beau, mon amant, suave aussi; aussi notre berceau est luxuriant.
17. Les cèdres sont les poutres de nos maisons; nos lambris, des genévriers.
Cant2 Chapitre 2.- Lotus des vallées
1. Moi, l'amaryllis du Sharôn, le lotus des vallées.
2. Comme un lotus parmi les vinettiers, telle est ma compagne parmi les filles.
3. Comme un pommier parmi les arbres de la forêt, tel est mon amant parmi les fils.
4. Je désirais son ombre, j'y habite; son fruit est doux à mon palais.
5. Il m'a fait venir à la maison du vin; son étendard sur moi, c'est l'amour.
6. Soutenez-moi d'éclairs, tapissez-moi de pommes: oui, je suis malade d'amour.
7. Sa gauche dessous ma tête, sa droite m'étreint.
8. Je vous adjure, filles de Ieroushalaîm, par les gazelles ou par les biches du champ, n'éveillez pas, ne réveillez pas l'amour avant qu'il le désire ! Va vers toi-même 8. La voix de mon amant ! Le voici, il vient ! Il bondit sur les monts, il saute sur les collines.
9. Il ressemble, mon amant, à la gazelle ou au faon des chevreuils... Le voici, il se dresse derrière notre muraille ! Il guette aux fenêtres, il épie aux treillages !
10. Il répond, mon amant, et me dit: Lève-toi vers toi-même, ma compagne, ma belle, et va vers toi-même !
11. Oui, voici, l'hiver est passé, la pluie a cessé, elle s'en est allée.
12. Les bourgeons se voient sur terre, le temps du rossignol est arrivé, la voix de la tourterelle s'entend sur notre terre.
13. Le figuier embaume ses sycones, les vignes en pousse donnent leur parfum. Lève-toi vers toi-même, ma compagne, ma belle, et va vers toi-même !
14. Ma palombe aux fentes du rocher, au secret de la marche, fais-moi voir ta vue, fais-moi entendre ta voix ! Oui, ta voix est suave, ta vue harmonieuse.
15. Saisissez pour nous les renards, les petits renards, saboteurs de vignobles ! Nos vignobles sont en pousse.
16. Cant3Mon amant à moi, et moi à lui, le pâtre aux lotus.
17. Jusqu'à ce que le jour se gonfle, s'enfuient les ombres, fais volte-face, ressemble pour toi, mon amant, à la gazelle ou au faon des chevreuils, sur les monts de la rupture.
Chapitre 3.- Noces 1. Sur ma couche, dans les nuits, j'ai cherché celui qu'aime mon être. Je l'ai cherché, mais ne l'ai pas trouvé.
2. Je me lèverai donc, je tournerai dans la ville, dans les marchés, sur les places. Je chercherai celui qu'aime mon être. Je l'ai cherché mais ne l'ai pas trouvé.
3. Les gardes qui tournaient dans la ville m'ont trouvée. « Celui qu'aime mon être, l'avez-vous vu ? » 4. De peu les avais-je dépassés que je trouvai celui qu'aime mon être. Je l'ai saisi et ne le lâcherai pas avant de l'avoir fait venir à la maison de ma mère, dans l'intérieur de ma génitrice.
5. Je vous adjure, filles de Ieroushalaîm, par les gazelles ou par les biches du champ, n'éveillez pas, ne réveillez pas l'amour avant qu'il le désire !
6. Qui est celle qui monte du désert, comme palmes de fumée, encensée de myrrhe et d'oliban, de toutes les poudres du colporteur ?
7. Voici le lit de Shelomo, soixante héros sont autour de lui, des héros d'Israël;
8. tous armés d'épée, initiés à la guerre, chaque homme son épée sur sa cuisse, contre le tremblement des nuits.
9. Cant4Le roi Shelomo s'est fait un palanquin en bois du Lebanôn.
10. Il fait ses colonnes d'argent, sa tapisserie d'or, ses montants de pourpre, son intérieur tapissé d'amour par les filles de Ieroushalaîm.
11. Sortez, voyez, filles de Siôn, le roi Shelomo, le nimbe dont sa mère l'a nimbé le jour de sa noce, le jour de la joie de son coeur !
Chapitre 4.- Viens avec moi 1. Te voici belle, ma compagne, te voici belle ! Tes yeux palombes à travers ton litham; tes cheveux tel un troupeau de caprins qui dévalent du mont Guil'ad;
2. tes dents tel un troupeau de tondues qui montent de la baignade; oui, toutes jumelées, sans manquantes en elles.
3. Tes lèvres, tel un fil d'écarlate, ton parler harmonieux; telle une tranche de grenade, ta tempe à travers ton litham ;
4. et telle la tour de David, ton cou, bâti pour les trophées: mille pavois y sont suspendus, tous les carquois des héros.
5. Tes deux seins, tels deux faons, jumeaux de la gazelle, pâturent dans les lotus.
6. Avant que le jour se gonfle et s'enfuient les ombres, j'irai vers moi-même au mont de la myrrhe, à la colline de l'oliban.
7. Toi, toute belle, ma compagne, sans vice en toi.
8. Avec moi du Lebanôn, fiancée, avec moi du Lebanôn, tu viendras ! Tu contempleras de la cime d'Amana, de la cime du Senir et du Hermôn, des tanières de lions, des monts de léopards !
9. colombeTu m'as incardié, ma soeur-fiancée, tu m'as incardié d'un seul de tes yeux, d'un seul joyau de tes colliers.
10. Qu'elles sont belles, tes étreintes, ma soeur-fiancée, qu'elles sont bonnes tes étreintes, plus que le vin !
11. L'odeur de tes huiles plus que tous les aromates !
12. De nectar, elles dégoulinent, tes lèvres, fiancée !
13. Le miel et le lait sous ta langue, l'odeur de tes robes; telle l'odeur du Lebanôn !
14. Jardin fermé, ma soeur-fiancée, onde fermée, source scellée !
15. Tes effluves, un paradis de grenades, avec le fruit des succulences, hennés avec nards;
16. nard, safran, canne et cinnamome avec tous les bois d'oliban; myrrhe, aloès, avec toutes les têtes d'aromates !
17. Source des jardins, puits, eaux vives, liquides du Lebanôn !
18. Éveille-toi, aquilon ! Viens, simoun, gonfle mon jardin ! Que ses aromates ruissellent ! Mon amant est venu dans son jardin; il mange le fruit de ses succulences.
Alain Bashung & Chloé Mons
Amiri Baraka
Figure emblématique de la résistance noire, éditeur des icônes de la Beat Generation comme Jack Kerouac ou Allen Ginsberg, LeRoi Jones devient Amiri Baraka après l’assassinat de Malcolm X et s’engage avec son spoken word et ses influences jazz contre les injustices et les politiques du mal.
« Si Elvis Presley est le King, qui est James Brown ? Dieu ? » A.Baraka
C’est à Newark, New Jersey, en plein New
Deal, le 7 octobre 1934, que naît LeRoi Jones (Amiri Baraka), dans un univers ravagé par
la misère et le désespoir ; conséquences d’un racisme hypocrite que le
nord industriel avait sciemment institutionnalisé. Nul besoin dès lors
de s’interroger quant aux motivations qui allaient sous-tendre sa colère
ou guider ses combats.
Féru de musique, ainsi que d’un langage simple et direct, il lance un premier pavé dans la mare putride de la critique blanche dès 1963 en publiant Le Peuple du blues, qui devient vite le premier ouvrage référence issu de la communauté noire.
Féru de musique, ainsi que d’un langage simple et direct, il lance un premier pavé dans la mare putride de la critique blanche dès 1963 en publiant Le Peuple du blues, qui devient vite le premier ouvrage référence issu de la communauté noire.

Il rédige alors sa pièce phare, Dutchman, puis fonde le Black Art Movement. C’est en 1967 qu’il change d’identité, que LeRoi Jones devient Imamu Amear Baraka, puis Amiri Baraka, forme d’hommage à ses « origines » africaines et d’affirmation cultuelle. Par la suite, il continuera d’écrire, deviendra l’un des fondateurs du spoken words, ancêtre du rap, aux cotés des Last Poets. A ce jour, il a publié une quarantaine d’ouvrages, pièces et recueils de poésie.
Ainsi, empreinte d’une forme d’obstination, son action finit par être perçue comme « un pendant culturel au nationalisme noir », une force intégralement vouée à lutter contre le racisme, l’oppression et le colonialisme culturel imposé à l’Amérique noire par la superstructure politico-commerciale blanche.
![]() |
Photo : P.Bastien |
Lors de son passage à Strasbourg en octobre 2008, Amiri Baraka s’est vu proposer une soirée Carte blanche au cinéma Star. Au programme : Black Panthers d’Agnès Varda et La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo. La rencontre organisée a été pour lui une nouvelle occasion d’évoquer les années de lutte et de faire passer son message de liberté. Il a ainsi évoqué les années au cours desquelles les slogans « Black Power », « Black is Beautiful » ou « Power to the People » trouvèrent un écho sans précédent dans la société américaine.
Il a également pointé, non sans amertume, les divisions et querelles qui ont longtemps entamé la cohésion du mouvement de libération noire. Mais, puisque selon lui, l’on « ne peut empêcher les gens de se battre », il reste convaincu que la révolution est en marche, et que, si elle requiert une détermination sans faille et un sens du sacrifice absolu, elle peut se faire pas à pas. Nul doute, en effet, que sans des décennies de résistance, Barack Obama, dont il arbore fièrement les couleurs, ne serait pas en position aussi favorable aujourd’hui.
Et si, au premier abord, cet homme semble subir le poids des années, il recèle en lui des trésors d’énergie et de détermination, ainsi qu’une force à la fois hors du commun et envoûtante. Sur scène, sa participation au projet jazz-soul du musicien free William Parker intitulé The Inside Song of Curtis Mayfield en atteste de façon fulgurante. Comme Baraka le dit lui-même en citant Public Enemy, « don’t believe the hype », les apparences et les discours peuvent être trompeurs. Il n’est donc pas étonnant qu’à l’instar des titres interprétés ici un seul mot d’ordre, « people get ready ».
Q.Z plan neuf
Site : www.amiribaraka.com
Lenore Kandel
Lenore Kandel a été une figure incontournable de la contre-culture californienne des années 60. Son chant du cygne a été la publication puis l'interdiction de son recueil de poèmes "The Love Book" en 1966.
Ses poèmes sont l'expression la plus intransigeante et la plus lyrique de l'érotisme et du désir féminins.
Lenore Kandel est née en 1932 à New York City, de parents russe et mongol.
Elle arrive à San Francisco en 1960, où elle rencontre les poètes de la beat generation, notamment Gary Snyder et Jack Kerouac. Dans le roman d'inspiration autobiographique "Big Sur" (1962) de Kerouac, Lenore Kandel apparait à travers le personnage de Romana Schwarz.
En 1966-1967, elle est partie prenante de la "révolution psychédélique" dans le quartier de Haight Ashbury de San Francisco.
Elle publie son recueil "The love book", qui comprend 4 poèmes remarquables ("God/Love poem", et un long poème en 3 "phases", "To fuck with love").
A peine publié, une plainte est déposée contre le recueil et ceux qui le diffusent pour "pornographie et obscénité", et il est saisi par la police dans les librairies où il est en vente, principalement les librairies hip telles que "City Lights Bookstore" et "The Psychedelic Book Shop".
Le procès en 1967 se soldera par une interdiction de la vente du recueil (censure levée en 1971), mais lui en aura assuré une telle publicité que plus de 20.000 exemplaires seront malgré tout vendus. En remerciement ironique, Lenore Kandel reversera 1% de ses gains à une association pour assurer la retraite des policiers.
Son recueil interdit à la vente, Lenore Kandel lit ses poèmes "licencieux" en public. En janvier 1967, elle lit ses poèmes sur scène à l'occasion du festival géant "The Human Be-In".
Elle prend une part prépondérante dans les activités des Diggers. En février 1967, elle participe à l'immense happening "The Invisible Circus" organisé dans une église : punch au LSD, musique psychédélique, diverses animations proposées par les Diggers et l'ALF (Front de Libération des Artistes), avec Richard Brautigan comme "reporter officiel" qui tire sur une ronéo des poèmes au kilomètre qui sont immédiatement distribués dans la ville comme des dépèches d'agence de presse.
Tandis que Lenore Kandel lit ses poèmes interdits, des couples voire plus baisent dans tous les recoins de l'église. Prévu durer 72 heures, les flics virent tout le monde après 8 !
Elle publie un nouveau recueil de poèmes plus conséquent en 1967, "Word alchemy".
En 1968, la bande des Diggers abandonne le terrain de Haight Ashbury aux capitalistes hippies qui ont fondu sur San Francisco depuis le Summer of Love de l'été 1967. Chacun continue sa route là où elle le mène. Lenore Kandel épouse Billy Fritsch, et tous deux rejoignent les Hell's Angels. Ils vécurent heureux et eurent un grave accident de moto ensemble en 1970.
Grièvement bléssée à la colonne vertébrale, Lenore Kandel souffrira tout le reste de son existence de violentes douleurs au dos, et ne quittera plus guère son petit appartement de San Francisco, où elle continuera d'écrire (sans jamais plus être publiée) et de recevoir ses nombreux amis qu'elle régalera de sa sérénité et de sa fantaisie inentamées malgré les accidents de la vie.
Lenore Kandel est morte dimanche 18 octobre 2009 à San Francisco, à 77 ans, d'un cancer au poumon.
L'Unique, de peau et de chair
TO FUCK WITH LOVE PHASE III
BAISER AVEC AMOUR PHASE III
baiser avec amour
aimer avec toute la chaleur et la sauvagerie de la baise
la fièvre de ta bouche dévorant tous mes secrets et mes alibis
me laissant pure brûlée dans l'oubli
la douceur INSUPPORTABLE
bouche touchant à peine bouche
aimer avec toute la chaleur et la sauvagerie de la baise
la fièvre de ta bouche dévorant tous mes secrets et mes alibis
me laissant pure brûlée dans l'oubli
la douceur INSUPPORTABLE
bouche touchant à peine bouche
téton à téton nous nous sommes touchés
et fumes pétrifiés par un flux d'énergie
au-delà de tout ce que j'ai jamais connu
et fumes pétrifiés par un flux d'énergie
au-delà de tout ce que j'ai jamais connu
nous nous sommes TOUCHES !
et deux jours plus tard
ma main étreignant ta bite dégoulinante de sperme
ENCORE !
ma main étreignant ta bite dégoulinante de sperme
ENCORE !
l'énergie indescriptible presque insupportable
la barrière du noumène-phénomène
transcendé
le cercle momentanément complet parfait
allongés ensemble, nos corps se glissant dans l'amour
qui ne s'est jamais échappé
j'embrasse ton épaule et elle empeste le désir
le désir des anges érotiques baisant les étoiles
et criant leur joie insatiable à travers le paradis
le désir des comètes entrant en collision dans l'hystérie céleste
le désir des déités hermaphrodites se faisant
des choses inconcevables l'une à l'autre et
HURLANT DE PLAISIR à travers l'univers entier et au-delà
et nous sommes allongés ensemble, nos corps humides et brulants, et
nous PLEURONS nous PLEURONS nous PLEURONS les larmes incroyables
que les saints et les hommes sacrés ont versé en présence
de leurs propres dieux incandescents
transcendé
le cercle momentanément complet parfait
allongés ensemble, nos corps se glissant dans l'amour
qui ne s'est jamais échappé
j'embrasse ton épaule et elle empeste le désir
le désir des anges érotiques baisant les étoiles
et criant leur joie insatiable à travers le paradis
le désir des comètes entrant en collision dans l'hystérie céleste
le désir des déités hermaphrodites se faisant
des choses inconcevables l'une à l'autre et
HURLANT DE PLAISIR à travers l'univers entier et au-delà
et nous sommes allongés ensemble, nos corps humides et brulants, et
nous PLEURONS nous PLEURONS nous PLEURONS les larmes incroyables
que les saints et les hommes sacrés ont versé en présence
de leurs propres dieux incandescents
j'ai murmuré l'amour dans chaque orifice de ton corps
comme tu l'as fait
en moi
comme tu l'as fait
en moi
mon corps entier se transforme en une conbouche
mes orteils mes mains mon ventre ma poitrine mon épaule mes yeux
tu me baises continuellement avec ta langue tu regardes
avec tes mots avec ta présence
mes orteils mes mains mon ventre ma poitrine mon épaule mes yeux
tu me baises continuellement avec ta langue tu regardes
avec tes mots avec ta présence
nous nous transformons
nous sommes aussi doux et chauds et tremblants
qu'un papillon doré nouveau venu
nous sommes aussi doux et chauds et tremblants
qu'un papillon doré nouveau venu
l'énergie indescriptible
presque insupportable
la nuit
quelquefois
je vois nos corps luire
presque insupportable
la nuit
quelquefois
je vois nos corps luire
Herbert Huncke
L’écriture sous stupéfiants reste une énigme et tient toujours du miracle…
En effet, comment composer avec l’obsession toxique qui réduit une vie à la quête incessante du produit et la capacité à créer et à rendre compte du bien réel comme dans le cas d’Herbert Huncke ?
Coupable de Tout est une compilation inédite, à ce jour en français, et précieuse des écrits d’un ange noir de la Beat Génération, cette comète folle qui lança définitivement la contre culture.
Herbert Huncke apparaît, en effet, sous divers noms dans quelques opus de Kerouac, de Ginsberg et de Burroughs, non en tant qu’écrivain – qu’il ne fut jamais complètement même s’il en avait la carrure – mais bien comme toxico, dealer et aigrefin de Times Square .
Pourtant, Huncke avant de connaître une vie de "clochard céleste" s’intéressera authentiquement à la poésie et à l’art en général.
Conteur exceptionnel, âme sensible, cœur généreux mais faible, Herbert Huncke, à la différence de ses copains écrivains que la gloire installa, en dépit de leurs propres écarts, dut se débrouiller tout seul, dans la rue et celle-ci ne fait pas de cadeaux, ne s’encombre pas de politesses et de paroles données.
Manger ou être mangé, telle est sa loi.
Herbert Huncke connaîtra la drogue dès les années 30, cocaïne et le crack. Herbe, amphétamines et héroïne sont ses compagnes inséparables avec leur cortège de "désagréments" : manque, errance, sexualité trouble et... prison.
Encore une chose qui l’éloigne de ses potes bobos et le rapproche un peu plus d’un Neal Cassidy (Dean Moriarty dans Sur la Route) par exemple (l’un et l’autre fréquentèrent Jerry Garcia, guitariste et fondateur du Grateful Dead, qui assura le gîte de Huncke au Chelsea Hotel sur la fin de sa vie).
Les textes proposés ici sont constitués principalement d'une galerie de portraits de figures de la faune newyorkaise d’après guerre, de récits et de notations du quotidien d’un junky qui n’oublie pas de tout regarder avant de sombrer dans les délices artificiels des rêves narcotiques.
Mis bout à bout, ces textes constituent une sorte d’opéra trash qui annonce l’œuvre d’un Lou Reed.
On y trouve aussi, en plus des commentaires intimes, de pertinentes remarques sur les auteurs beat. Retenons celle-ci concernant Burroughs qui témoigne d’une clairvoyance littéraire rare : " En tant qu’écrivain, c’est un maître, et il a assurément mis à nu les conventions sociales actuelles. Mais il y a cette froideur – il a quelque peu oublié l’élément humain, il me semble."
Pour conclure, nous dirons que ce document contribue, après le passionnant Sur Ma Route de Carolyn Cassidy (femme de Neal), à apporter un éclairage unique sur une période qui vit définitivement changer l’Amérique et la littérature.
On se souviendra que ce décryptage velvetien avant la lettre vint d’un homme mort dans le warholien Chelsea Hotel en 1996 et qui écrivait de lui-même: "On dirait que je distille un poison"
Le Seuil. 2009
Extraits :
-Aujourd'hui un coucher de soleil a le pouvoir de me remplir d'une conscience de la beauté qu'aucune autre chose ne saurait susciter en moi.
-Un certain désespoir émanait des clients de ces beuveries répétitives, comme s'ils cherchaient délibérément l'autodestruction. Extérieurement ils appartenaient à la jeunesse dorée, mais au fond ils débordaient de colère et de haine.
-Je suis là, mais en fait, c'est l'appart de Florence. Il est lumineux, propre, frais et blanc. Il dégage une sorte d'éclat, mais j'ai peur que ma simple présence suffise à l'enténébrer.
-Jack était le type même du jeune Américain propre sur lui. Pour moi, il avait l'air d'une pub pour les chemises Arrow : leur campagne représentait toujours des jeunes hommes d'affaires américains modernes, avec une coupe de cheveux impeccables et l’œil pétillant. Le portrait craché de Jack.
-La clique qui se réunissait plus ou moins là consistait en qu'une poignée d'individus à la Oscar Wilde, très décadents et très fins, avec un mordant terrible- presque venimeux dans leurs sarcasmes.
-Pourtant, Bill m'agaçait parfois. Tout d'abord, il a donné de moi une description peu flatteuse dans "Junky".
-Les crimes devenaient plus violents. Les guerres des gangs organisés devenaient monnaie courante.
-Comme je pense à la visite d'Irwyne et à nos longues années d'amitié, un afflux de chaleur pénètre mon esprit et je souris-ferme les yeux.
Titre original : The Herbert Huncke Reader (1997)
Edgar Allen Poe - La Chute de la Maison Usher -
La Chute de la Maison Usher
La chute de la maison Usher - Epstein / Coil par ESTETTE
I
Dans la plus verte de nos vallées,
Par les bons anges habitée,
Autrefois un beau et majestueux palais,
— Un rayonnant palais, — dressait son front.
C’était dans le domaine du monarque Pensée,
C’était là qu’il s’élevait :
Jamais séraphin ne déploya son aile
Sur un édifice à moitié aussi beau.
II
Des bannières blondes. superbes, dorées,
A son dôme flottaient et ondulaient ;
(C’était, — tout cela, c’était dans le vieux,
Dans le très vieux temps,)
Et, à chaque douce brise qui se jouait
Dans ces suaves journées,
Le long des remparts chevelus et pâles,
S’échappait un parfum ailé.
III
Les voyageurs, dans cette heureuse vallée,
A travers deux fenêtres lumineuses, voyaient
Des esprits qui se mouvaient harmonieusement
Au commandement d’un luth bien accordé.
Tout autour d’un trône, où, siégeant
— Un vrai Porphyrogénète, celui-là ! —
Dans un apparat digne de sa gloire,
Apparaissait le maître du royaume.
IV
Et tout étincelante de nacre et de rubis
Était la porte du beau palais,
Par laquelle coulait à flots, à flots, à flots,
Et pétillait incessamment
Une troupe d’Echos dont l’agréable fonction
Était simplement de chanter,
Avec des accents d’une exquise beauté,
L’esprit et la sagesse de leur roi.
V
Mais des êtres de malheur, en robes de deuil,
Ont assailli la haute autorité du monarque.
— Ah ! pleurons ! Car jamais l’aube d’un lendemain
Ne brillera sur lui, le désolé ! —
Et tout autour de sa demeure, la gloire
Qui s’empourprait et florissait
N’est plus qu’une histoire, souvenir ténébreux
Des vieux âges défunts.
VI
Et maintenant les voyageurs, dans cette vallée,
A travers les fenêtres rougeâtres, voient
De vastes formes qui se meuvent fantastiquement Aux sons d’une musique discordante ;
Pendant que, comme une rivière rapide et lugubre,
A travers la porte pâle,
Une hideuse multitude se rue éternellement ;
Qui va éclatant de rire, — ne pouvant plus sourire.
La chute de la maison Usher - Epstein / Coil par ESTETTE
I
Dans la plus verte de nos vallées,
Par les bons anges habitée,
Autrefois un beau et majestueux palais,
— Un rayonnant palais, — dressait son front.
C’était dans le domaine du monarque Pensée,
C’était là qu’il s’élevait :
Jamais séraphin ne déploya son aile
Sur un édifice à moitié aussi beau.
II
Des bannières blondes. superbes, dorées,
A son dôme flottaient et ondulaient ;
(C’était, — tout cela, c’était dans le vieux,
Dans le très vieux temps,)
Et, à chaque douce brise qui se jouait
Dans ces suaves journées,
Le long des remparts chevelus et pâles,
S’échappait un parfum ailé.
III
Les voyageurs, dans cette heureuse vallée,
A travers deux fenêtres lumineuses, voyaient
Des esprits qui se mouvaient harmonieusement
Au commandement d’un luth bien accordé.
Tout autour d’un trône, où, siégeant
— Un vrai Porphyrogénète, celui-là ! —
Dans un apparat digne de sa gloire,
Apparaissait le maître du royaume.
IV
Et tout étincelante de nacre et de rubis
Était la porte du beau palais,
Par laquelle coulait à flots, à flots, à flots,
Et pétillait incessamment
Une troupe d’Echos dont l’agréable fonction
Était simplement de chanter,
Avec des accents d’une exquise beauté,
L’esprit et la sagesse de leur roi.
V
Mais des êtres de malheur, en robes de deuil,
Ont assailli la haute autorité du monarque.
— Ah ! pleurons ! Car jamais l’aube d’un lendemain
Ne brillera sur lui, le désolé ! —
Et tout autour de sa demeure, la gloire
Qui s’empourprait et florissait
N’est plus qu’une histoire, souvenir ténébreux
Des vieux âges défunts.
VI
Et maintenant les voyageurs, dans cette vallée,
A travers les fenêtres rougeâtres, voient
De vastes formes qui se meuvent fantastiquement Aux sons d’une musique discordante ;
Pendant que, comme une rivière rapide et lugubre,
A travers la porte pâle,
Une hideuse multitude se rue éternellement ;
Qui va éclatant de rire, — ne pouvant plus sourire.
POUR L’OREILLE DE CREELEY
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