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Lenore Kandel



Lenore Kandel a été une figure incontournable de la contre-culture californienne des années 60. Son chant du cygne a été la publication puis l'interdiction de son recueil de poèmes "The Love Book" en 1966.
Ses poèmes sont l'expression la plus intransigeante et la plus lyrique de l'érotisme et du désir féminins.

Lenore Kandel est née en 1932 à New York City, de parents russe et mongol.
Elle arrive à San Francisco en 1960, où elle rencontre les poètes de la beat generation, notamment Gary Snyder et Jack Kerouac. Dans le roman d'inspiration autobiographique "Big Sur" (1962) de Kerouac, Lenore Kandel apparait à travers le personnage de Romana Schwarz.

En 1966-1967, elle est partie prenante de la "révolution psychédélique" dans le quartier de Haight Ashbury de San Francisco.  
Elle publie son recueil "The love book", qui comprend 4 poèmes remarquables ("God/Love poem", et un long poème en 3 "phases", "To fuck with love"). 


A peine publié, une plainte est déposée contre le recueil et ceux qui le diffusent pour "pornographie et obscénité", et il est saisi par la police dans les librairies où il est en vente, principalement les librairies hip telles que "City Lights Bookstore" et "The Psychedelic Book Shop".
Le procès en 1967 se soldera par une interdiction de la vente du recueil (censure levée en 1971), mais lui en aura assuré une telle publicité que plus de 20.000 exemplaires seront malgré tout vendus. En remerciement ironique, Lenore Kandel reversera 1% de ses gains à une association pour assurer la retraite des policiers.
Son recueil interdit à la vente, Lenore Kandel lit ses poèmes "licencieux" en public. En janvier 1967, elle lit ses poèmes sur scène à l'occasion du festival géant "The Human Be-In".

Elle prend une part prépondérante dans les activités des Diggers. En février 1967, elle participe à l'immense happening "The Invisible Circus" organisé dans une église : punch au LSD, musique psychédélique, diverses animations proposées par les Diggers et l'ALF (Front de Libération des Artistes), avec Richard Brautigan comme "reporter officiel" qui tire sur une ronéo des poèmes au kilomètre qui sont immédiatement distribués dans la ville comme des dépèches d'agence de presse. 
 Tandis que Lenore Kandel lit ses poèmes interdits, des couples voire plus baisent dans tous les recoins de l'église. Prévu durer 72 heures, les flics virent tout le monde après 8 !

Elle publie un nouveau recueil de poèmes plus conséquent en 1967, "Word alchemy". 


En 1968, la bande des Diggers abandonne le terrain de Haight Ashbury aux capitalistes hippies qui ont fondu sur San Francisco depuis le Summer of Love de l'été 1967. Chacun continue sa route là où elle le mène. Lenore Kandel épouse Billy Fritsch, et tous deux rejoignent les Hell's Angels. Ils vécurent heureux et eurent un grave accident de moto ensemble en 1970.
Grièvement bléssée à la colonne vertébrale, Lenore Kandel souffrira tout le reste de son existence de violentes douleurs au dos, et ne quittera plus guère son petit appartement de San Francisco, où elle continuera d'écrire (sans jamais plus être publiée) et de recevoir ses nombreux amis qu'elle régalera de sa sérénité et de sa fantaisie inentamées malgré les accidents de la vie.

Lenore Kandel est morte dimanche 18 octobre 2009 à San Francisco, à 77 ans, d'un cancer au poumon.
L'Unique, de peau et de chair


TO FUCK WITH LOVE PHASE III
BAISER AVEC AMOUR PHASE III
baiser avec amour
aimer avec toute la chaleur et la sauvagerie de la baise
la fièvre de ta bouche dévorant tous mes secrets et mes alibis
me laissant pure brûlée dans l'oubli
la douceur INSUPPORTABLE
        bouche touchant à peine bouche
téton à téton nous nous sommes touchés
et fumes pétrifiés par un flux d'énergie
au-delà de tout ce que j'ai jamais connu
nous nous sommes TOUCHES !
et deux jours plus tard
ma main étreignant ta bite dégoulinante de sperme
ENCORE !
l'énergie indescriptible presque insupportable
la barrière du noumène-phénomène
        transcendé
le cercle momentanément complet parfait
allongés ensemble, nos corps se glissant dans l'amour
qui ne s'est jamais échappé
j'embrasse ton épaule et elle empeste le désir
le désir des anges érotiques baisant les étoiles
et criant leur joie insatiable à travers le paradis                     
le désir des comètes entrant en collision dans l'hystérie céleste
le désir des déités hermaphrodites se faisant
des choses inconcevables l'une à l'autre et
HURLANT DE PLAISIR à travers l'univers entier et au-delà
et nous sommes allongés ensemble, nos corps humides et brulants, et
nous PLEURONS    nous PLEURONS    nous PLEURONS les larmes incroyables
que les saints et les hommes sacrés ont versé en présence
de leurs propres dieux incandescents
j'ai murmuré l'amour dans chaque orifice de ton corps
comme tu l'as fait
en moi
mon corps entier se transforme en une conbouche
mes orteils mes mains mon ventre ma poitrine mon épaule mes yeux
tu me baises continuellement avec ta langue tu regardes
avec tes mots avec ta présence
nous nous transformons
nous sommes aussi doux et chauds et tremblants
qu'un papillon doré nouveau venu
l'énergie indescriptible
presque insupportable
 la nuit 
quelquefois 
je vois nos corps luire

Vivre vite et mourir !! GG Allin


GG Allin, né Jesus Christ Allin, chanteur punk hardcore et transgressif, hyper toxicomane, alcoolique, et choquant à l’extrême sur scène comme dans la vie de tous les jours.
GG Allin ,est né le 29 août 1956, à Lancaster (New Hampshire Etats-unis). Il connaît une enfance difficile, dans une petite maison faite de bric et de broc sans électricité ni eau, avec un père instable, religieux fanatique, interdisant le dialogue à la maison. C’est d’ailleurs son père, qui lui a donné ce « sacré » nom de Jesus Christ Allin persuadé qu’il était une figure messianique.


 Sa mère pour lui donner une chance de s’intégrer et de ne pas être la risée de tout le monde pendant toute sa vie, le fait changer de nom le 2 mars 1962: il devient ainsi Kevin Michael Allin.
Il vit au coté de son frère aîné, Merle Allin, qui lui donne ce surnom ‘gg’ malgré lui, car étant petit il prononçait ‘jiji’ à la place de Jesus.
Dès son plus jeune âge il s’avère être très instable, rebelle et aimant choquer.
On retrouve des photos de classes de première où on peut le voir déguisé en drag queen.
A son adolescence il passe son temps à traîner, dealer de la drogue, entrer par effraction chez les gens, voler, etc.


Batteur à ses débuts, il devient un chanteur-batteur, puis chanteur, dont les apparitions deviennent de plus « spectaculaires » . Il a appartenu à de nombreuses formations punk (plus d’une vingtaine) durant sa carrière, mais cet artiste très prolifique, aimait aussi jouer de la country, et du rock ‘n’ roll. Sur scène, ses apparitions sont de véritables éloges à l’auto-destruction, l’auto-mutilation, la scatophilie, et la sexualité outrancière



Il joue souvent nu, couvert de son propre sang (il s’ouvre généralement avec des objets coupants) et de sa propre matière fécale. En effet, il utilisait très souvent des laxatifs avant ses concerts afin de déféquer sans problème sur scène et lançait alors ses fèces sur le public en « délire ». Il se bâtait constamment avec son public qu’il aimait insulter ou bien mettre au défi de lui faire une fellation. C’était donc un fervent défenseur de l' art performance ou du shock rock.



Bien qu’il l’avait de nombreuses fois laissé entendre, GG Allin ne s’est pas suicidé sur scène. Il est mort d’une overdose d’héroïne, lors d’une fête, le 28 juin 1993 dans l’appartement d’une amie. Son dernier concert, au club « The Gas Station » à New York, le soir même de sa mort, fût un des plus mémorables de sa carrière. Après avoir fait quelques morceaux, une coupure de courant le poussa à sortir complètement nu, couvert de sang et d’excréments (comme à son habitude) dans les rues de New Yorks, laissant ses nombreux fans l’embrasser devant des passants outrés.




 

Son enterrement reste aussi très transgressif. Selon ses vœux, il fût donc mis dans son cercueil, non lavé (c’est à dire plein de sang et d’excréments), non maquillé, avec une simple veste en cuir et un slip en sparadrap. Ses amis prirent alors de nombreuses photos de lui, organisant une véritable fiesta autour de sa dépouille, posant à coté de lui, lui mettant de la cocaïne et du whisky dans la bouche, et baissant son slip pour prendre des photos de son pénis.

 

 

C'est en 1994 que le documentaire de Todd Philipps voit le jour « Hated: GG Allin and the murder junkies ». Ce documentaire retrace la carrière mouvementée de GG Allin, il contient des images de concerts, des interviews de GG Allin, des images de son enfance dans le rural  New Hampshire ainsi que des images de son enterrement. On peut notamment y voir une scène tournée à l’Université de New York, où il se met nu face à son public et s’insère une banane dans l’anus, injuriant les jeunes gens et leur disant simplement que si le spectacle ne leur plaît pas il peuvent partir

 

 

LIVE FAST and DIE !!


 

Télécharger le documentaire de Todd Philipps « Hated: GG Allin and the murder junkies » : http://www.multiupload.com 

(Fichier Zip) Mot de passe : lesintrouvables

Qualité : DVDRip

Langue : VOSTF 

 





 

Le sexe au bord de l'âme ...

Rose Et Noire, 2003 (( rmx )) 2011, The Other Colors
Words and Vocals Marie Möör
Music Laurent Chambert

Le sexe au bord de l'âme from Rose Et Noire on Vimeo.

L'érotisme. De l'obscène au sublime. de ROGER DADOUN



Après avoir déployé, des Vénus callipyges aux hardeurs du porno, de Messaline à Jean de la Croix, le vaste panorama des paysages et créations historiques, Dadoun s’attache à cerner les sources profondes, nocturnes et nourricières de l’Éros : libido fœtale dans la nuit matriciante de la gestation ; nuits matricielles du rêve, voie royale de l’universelle empreinte d’Éros.

L'érotisme

L'érotisme expose et fait exploser la sexualité dans toutes ses dimensions, de l'obscène au sublime. Picasso proclame : « L'art et le sexe, c'est la même chose ». Duchamp monte d'insolites mises à nu sous le signe de Rrose Sélavy (Éros, c'est la vie). Jérôme Bosch exalte et torture les corps pour composer un art d'aimer édénique. Ingres, Bonnard, Michel-Ange et tant d'autres chantent une chair que Schiele décharne jusqu'à l'os et que Klimt couvre d'or... Sade pousse Éros vers l'horreur, Fourier promet un Nouveau monde amoureux où « chacun a raison en amour », Le Surmâle de Jarry brûle d'amour, et Kubrick dit son dernier mot : « Fuck ! »

Häxan de Benjamin Christensen


Häxan est un film muet écrit et réalisé par Benjamin Christensen en 1922. Basé en partie sur l'étude de Christensen du "Malleus Maleficarum".
Il s'agit d'un document sur la sorcellerie, telle qu'elle fut décrite par les minutes d'innombrables procès, du XVe au XVIIe siècle, composé de plusieurs séquences.
Encense par les surréalistes "Haxan" est pour Adou Kirou "le plus violent requisitoire contre la criminelle Eglise, son inquisition et ses instruments de torture. Ce documentaire devrait passer dans tous les lycees du monde."
Ce film fut censuré aux Etats-Unis et dans d'autres pays, trop réaliste, on l'accusa de montrer trop de scène de torture, de nudité et de perversion sexuelle.
Il existe deux versions du film : une version originale (et intégrale) sortie en Suède en 1922 qui est muette et accompagnée de morceaux classiques. Et une version pour le marché américain, sortie dans les années 60, narrée par William Burroughs (un des chefs de file de la "Beat Generation" par ailleurs très apprécié en ces lieux) sur fond de musique Jazz. Cette dernière version a toutefois été amputée de quelques scènes.







Lewis Carroll and Alice ...


David O'Kane, "Lewis Carroll and Alice".


Lewis Carroll, un pédophile victorien

Résumé : L'idéalisation de l'enfance va de pair avec la maltraitance. La littérature enfantine anglaise du XIXe siècle témoigne de cette réalité, ancrée dans l'histoire familiale de ses auteurs.



Charles Lutwidge Dodgson, alias Lewis Carroll - auteur glorifié d'Alice au Pays des Merveilles - souffrait d'une obsession maladive pour les fillettes. Ses œuvres d'écrivain et de photographe, ainsi que l'abondante correspondance intime qu'il a léguées, permettent de reconstituer l'univers dans lequel il a vécu et de mettre à jour l'origine de ses névroses sexuelles. Ainsi, l'idéalisation de l'enfance qui caractérise la littérature enfantine inaugurée par Carroll porte-t-elle les marques de l'abus et de l'enfermement dans lequel des générations d'enfants furent tenus. Et c'est pourquoi ces écrits fascinent tant.



Idolâtrie

« J'espère que vous m'autoriserez à photographier tout au moins Janet nue ; il paraît absurde d'avoir le moindre scrupule au sujet de la nudité d'une enfant de cet âge. » (1) Quand il écrit ces lignes péremptoires à la mère de trois fillettes, Lewis Carroll a derrière lui une longue pratique de la photographie, largement dédiée à ses « amies-enfants », avec lesquelles l'honorable professeur de mathématiques entretient des relations passionnées. Au Christ Church College où il enseigne, la résidence de Carroll ressemble à une nursery remplie de jouets animés et lorsqu'il y invite une enfant particulièrement exquise, il écrit dans son journal : « Je marque ce jour d'une pierre blanche. » Vers 1850, il commence à photographier les fillettes dans des poses d'héroïnes de contes de fées, puis passe à des clichés déshabillés qu'il exige qu'on détruise après sa mort, avant d'abandonner la photographie en 1880 (2).

Dans le milieu rigoriste et bourgeois où évolue l'auteur d'Alice, il est fréquent pour un homme respectable d'idolâtrer les petites filles. Lewis Carroll - qui restera célibataire toute sa vie - est incapable d'une relation adulte et exprime ouvertement la satisfaction qu'il tire de ses fréquentations juvéniles. Alors dans la soixantaine, il écrit par exemple à la mère d'une autre de ses « amies-enfants » : « Merci, mille mercis de m'avoir à nouveau prêté [sic] Edith. C'est une enfant des plus adorables. C'est vraiment bon - je veux dire pour la vie spirituelle, au sens où il est bon de lire la Bible - d'être au contact de tant de douceur et d'innocence. » (3)

Mais le sentimentalisme victorien cache mal une obsession perverse pour le corps de l'enfant, particulièrement celui des fillettes. S'exprimant dans son journal intime, un pasteur anglican décrit sa rencontre avec une demoiselle en tenue d'Ève, posant sur la plage pour un artiste : « Elle laissait voir sa taille fine et souple, les douces rondeurs de la poitrine, des seins naissants, la ligne charmante et gracieuse de jolis membres délicats, et par-dessus tout les douces et délicieuses courbes des fesses roses potelées et de larges cuisses blanches. » (4)



Mère idéalisée

L'enfance de Charles L. Dodgson est tout entière baignée dans l'univers concentrationnaire de l'Angleterre victorienne. Son père, pasteur d'un petit village du Cheshire, a un goût prononcé pour le nonsense, une forme d'expression littéraire typiquement britannique dans laquelle les canards se cachent dans des tasses à café et les notables sont changés en gâteau. Très précoce, Charles anime des spectacles familiaux pour amuser ses sœurs et compose à son tour toutes sortes de textes, apparemment sans queue ni tête, qui préfigurent déjà les récits d'Alice. À douze ans, il écrit un poème dans lequel il imagine faire bouillir l'une de ses sœurs en ragoût et donne à un frère cadet ce conseil étonnant : « Ne rugissez point de crainte d'être aboli ! » (5)

La terreur qui règne chez les Dodgson est telle que sept des onze enfants de la famille sont affligés d'un bégaiement. Charles souffrira toute sa vie de ce handicap qui ne le quitte qu'en présence de ses « amies-enfants ». Son éducation est entièrement dévolue à la répression de toute émotion, de tout élan vital au point que le jeune Dodgson développe une retenue et une maniaquerie obsessionnelles. Il consacre l'énergie qui lui reste à divertir ses sœurs et sa mère, une femme exigeante, épuisée par de fréquentes grossesses, qui meurt à quarante-sept ans, deux jours après que Charles eut quitté la maison pour le Christ Church College, où il commence ses études supérieures. Pour tenter d'enfouir le souvenir des mauvais traitements qui lui furent infligés, il fait de son enfance une période idéale qu'il regretterait à jamais :

Je donnerais bien volontiers toutes les richesses,
Fruits amers du déclin de la vie
Pour être à nouveau petit enfant
Durant une seule journée d'été. (6)



Furie éducative

La figure de la mère idéalisée est celle que cultive compulsivement Carroll dans ses relations avec ses « amies-enfants ». Ces amitiés si intensément vécues sont en même temps déchirantes, puisqu'elles portent les stigmates de son calvaire d'enfant face à une mère distante et cruelle. À une petite fille rencontrée sur la plage, il écrit : « Ô mon enfant, mon enfant ! J'ai tenu ma promesse hier après-midi et je suis descendu à la mer pour me promener avec vous le long des rochers, mais je vous ai aperçue en compagnie d'un autre monsieur, alors je me suis dit que vous ne vouliez pas de moi pour le moment. » (7) Parfois, il ne peut réprimer un reproche déplacé qu'il adresse en réalité à sa mère, par personne interposée. À une amie de neuf ans, il confie : « Expliquez-moi comment je vais m'amuser à Sandown sans vous. Comment pourrai-je me promener sur la plage, seul ? Comment pourrai-je m'asseoir, tout seul, sur ces marches de bois ? » (8)

La fureur maternelle, que Carroll n'est pas même en mesure d'entrevoir consciemment, transparaît dans ses écrits. Alice est une sorte de cauchemar permanent, un monde violent où dès les premières pages les objets familiers volent en tous sens. L'héroïne dégringole au fond d'un terrier, une cuisinière jette casseroles et assiettes à la tête d'un bébé et, si le personnage central du roman s'en tient à ses bonnes manières, la moindre étourderie peut être punie de mort : « Eh bien, voyez-vous, mademoiselle, confie un jardinier à Alice, le fait est que ce rosier-ci eût dû être un rosier fleuri de roses rouges, et que nous avons planté là, par erreur, un rosier blanc ; or, si la reine venait à s'en apercevoir, nous serions tous assurés d'avoir la tête tranchée. » (9)

Aux dires de Carroll, la Reine de Cœur représente la passion incontrôlable. « C'est une sorte de Furie aveugle dont la rage est sans objet » écrit-il en 1887 dans la revue The Theatre (10). Il est vraisemblable que ce personnage symbolise une facette particulièrement terrorisante de Frances Jane Dodgson, mère de Charles.



Flagellations

Pour trouver l'origine de cette hystérie larvée - que Mrs Dodgson elle-même devait craindre comme la peste -, il faut revenir sur les pratiques éducatives de l'Angleterre victorienne, particulièrement celles des cercles religieux dont Lewis Carroll est issu. L'Ancien Testament encourage ouvertement les parents à battre leurs enfants (11) et toute joie de vivre est sévèrement condamnée. Dans les public schools - un terme qui désigne en fait les établissements privés où l'élite bourgeoise abandonnait sa progéniture -, filles et garçons sont frappés en public, lors de rituels de flagellation au caractère ouvertement érotisé (12).

Ces tortures pervertissent l'enfant pour qui violences et humiliations deviennent indissociables de la relation intime. Charles Kingsley, un écrivain et théologien contemporain de Carroll, recommandait par exemple à sa fiancée un régime d'abstinence et des flagellations avant de consommer leur mariage et lui envoyait des portraits de leur couple faisant l'amour enchaîné sur une croix. Il est l'auteur d'un ouvrage destiné aux enfants, The Water Babies (1863), où abondent les images de culpabilité et de souillure sexuelles (13).

Par contraste, la fillette incarne un fantasme de chasteté et d'innocence, dont on peut consommer la pureté sans jamais craindre les foudres parentales ou remettre en question l'idéal maternel. Carroll a une certaine intuition des excès qu'il commet envers ses « amies-enfants » lorsqu'il fait dire, par exemple, à l'une d'elles : « Bou ! Hou ! Il y a Mr. Dodgson qui a bu ma santé, qu'il ne m'en reste plus une goutte. » (14) Mais sa compulsion l'enchaîne et le dégoûte au point qu'il s'astreint à une discipline rigoureuse pour tenter de maîtriser sa passion dévorante. Au St Bartholomew Hospital, il assiste une heure durant à une amputation de la jambe pour vérifier si, en cas d'urgence, il serait capable d'être « à la hauteur de la situation. » (15) C'est à son propre élan vital qu'il fait désormais subir la castration psychique infligée dans le douloureux apprentissage des « bonnes » manières. Sa sensibilité pervertie lui répugne, comme jadis son exhubérance de petit garçon insupportait sa mère, figée dans la terreur de sa propre vie, à laquelle il sacrifia néanmoins son âme d'enfant.

Marc-André Cotton

Notes :

(1) L. Carroll à Mrs Mayhew, 27 mai 1879, in The Collected Letters of Lewis Carroll, éd. Marton Cohen, Londres, 1979.

(2) Voir Lewis Carroll, un photographe victorien, éd. du Chêne, Paris, 1979 ou http://aliceaupaysdunet.free.fr/pages/index.htm.

(3) L. Carroll à Mrs Stevens, 1er juin 1892, ibid.

(4) Francis Kilvert, Diary, 13 juillet 1875, p. 232.

(5) Cité par Jackie Wullschläger, Lewis Carroll : l'enfant-muse, in Enfances rêvées, éd. Autrement, coll. Mutations No 170, mars 1997, p. 43.

(6) Cité par J. Wullschläger, op. cit., p. 44.

(7) L. Carroll à Emily ou Violet Gordon, in The Collected Letters, 14 août 1877, op. cit.

(8) L. Carroll à Gertrude Chataway, 21 juillet 1876, ibid.

(9) L. Carroll, Tout Alice, trad. H. Parisot, éd. Flammarion, 1979, p. 158.

(10) L. Carroll, Alice on the Stage, The Theatre, avril 1887.

(11) Il précise même que l'enfant indocile doit être lapidé « jusqu'à ce que mort s'en suive » (Deutéronome, 21-21).

(12) Lire Jonathan Benthall, Invisible Wounds : Corporal Punishment in Brithish Schools as a Form of Ritual, Child Abuse and Neglect 15 (1991), pp. 377-388.

(13) Cité par J. Wullschläger, in Enfances rêvées, op. cit., p. 37.

(14) L. Carroll à Gertrude Chataway, in The Collected Letters, op. cit., p. 230.

(15) The Diaries of Lewis Carroll, vol. I, Roger L. Green, Londres, 1953, 19 décembre 1857.

(16) Christina Rossetti, Speaking Likenesses, citée par Jackie Wullschläger, in Enfances rêvées, op. cit. p. 37.

Trash môme "Kathy Acker"






Née à New York City, romancière, poète et artiste de performance, Kathy Acker en vient à être associée avec le mouvement punk des années 1970 et 80 qui touche largement la culture dans et autour de Manhattan. Toutefois, dès sa majorité, elle se déplace quelque peu. Elle reçoit son B.A. à l'Université de Californie, San Diego en 1968. Elle passe deux années en post-diplôme à la City University de New York mais la quitte avant d'être diplômée. Elle reste à New York et travaille en tant que file clerk, secrétaire, stripteaseuse et actrice porno.

Elle se marie et divorce deux fois, et est ouvertement bisexuelle durant toute sa vie. En 1979, elle gagne le Prix Pushcart pour son roman New York City. Au début des années 1980, elle vit à Londres, où elle écrit plusieurs de ses travaux les plus acclamés. Après être retournée aux États-Unis, elle travaille comme professeur adjointe à l'Institut d'Art de San Francisco et comme professeur invité dans plusieurs universités, dont l'Université d'Idaho, de Californie, de San Diego, l'Institut des Arts de Californie et le Roanoke College. Elle meurt à Tijuana au Mexique dans une clinique alternative où elle est traitée pour un cancer du sein.

Le corpus des œuvres d'Acker emprunte fortement aux styles expérimentaux de William S. Burroughs et de Marguerite Duras. Elle utilise souvent des formes extrêmes de pastiche et même la technique de cut-up de Burroughs, laquelle consiste en couper des passages ou des phrases et à les réagencer de façon aléatoire pour un résultat autre. Acker elle-même situe son écriture à l'intérieur de la tradition européenne du nouveau roman. Dans ses textes, elle combine des éléments biographiques, pouvoir, sexe et violence en un cocktail explosif. Les critiques comparent souvent son écriture à celle de Alain Robbe-Grillet et de Jean Genet et ont noté des liens avec Gertrude Stein et les photographes Cindy Sherman et Sherrie Levine. Les romans d'Acker montrent également une fascination pour l’art du tatouage 1.

Quoiqu’associés avec des artistes généralement respectés, les romans d'Acker les plus reconnus, Blood and Guts in High School, Great Expectations et Don Quixote reçoivent une attention critique mitigée. La plupart des critiques reconnaissent la manipulation talentueuse d'Acker en ce qui concerne les textes plagiés d'auteurs aussi variés que Charles Dickens, Marcel Proust, et le Marquis de Sade. Elle a tout autant prise sur la théorie poststructuraliste qu’une familiarité avec l'histoire littéraire. Beaucoup de critiques, toutefois, trouvent ses explorations non linéaires inutilement incohérentes et difficiles à lire.

Les critiques féministes répondent également fortement à ses œuvres, à la fois pour et contre son écriture. Pendant que certains font l'éloge de l'exposition d'une société capitaliste misogyne qui utilise la domination sexuelle comme une forme clé d'oppression, d'autres argumentent que l’utilisation extrême et fréquente d'images sexuellement violentes anesthésie rapidement et génère une objectification dégradante pour la femme. En dépit de critiques répétées, Acker maintient qu'afin de mettre au défi les structures de pouvoir phallocentrique du langage, la littérature doit non seulement expérimenter avec la syntaxe et le style, mais également donner une voix aux sujets tus qui marginalisent les tabous communs. L'inclusion de sujets controversés comme l'avortement, le viol, l'inceste, le terrorisme, la pornographie, la violence graphique, et le féminisme vont dans ce sens.

Acker publie son premier livre, Politics, en 1972. Bien que cette collection de poèmes et essais ne recueille pas énormément d'attention de la part des lecteurs ou des critiques, cela lui confère une réputation au sein de la scène punk new-yorkaise. En 1973, elle publie son premier roman The Childlike Life of the Black Tarantula: Some Lives of Murderesses sous le pseudonyme de « Black Tarantula ». En 1974, elle publie son second roman, I Dreamt I Was a Nymphomaniac: Imagining.

En 1978, elle publie une collection de trois romans. Florida parodie le film noir classique Key Largo de John Huston de 1948, Kathy Goes to Haiti détaille les exploits relationnels et sexuels d'une jeune femme pendant ses vacances, et The Adult Life of Toulouse Lautrec by Henri Toulouse Lautrec constitue une autobiographie fictionnelle de l'artiste français du xixe siècle.

En 1979, Acker reçoit finalement une attention populaire lorsqu’elle gagne le prix Pushcart pour son roman New York City. Elle ne reçoit cependant pas de reconnaissance de la part des critiques, jusqu'à ce qu'elle publie Great Expectations en 1982. L'introduction de Great Expectations est une claire réécriture du roman de Charles Dickens portant le même nom. Il comporte les thèmes habituels d'Acker, y compris un conte semi-autobiographique du suicide de sa mère et l'appropriation de plusieurs autres textes, y compris de la pornographie française. Cette même année, Acker publie un livre intitulé Hello, I’m Erica Jong.

En dépit de la reconnaissance grandissante qu'elle obtient pour Great Expectations, Blood and Guts in High School est souvent considérée comme l'œuvre qui a fait percer Acker. Publiée en 1984, c'est l'une de ses explorations les plus extrêmes de la sexualité et de la violence. Elle emprunte notamment, entre autres textes, à The Scarlet Letter deNathaniel Hawthorne. Blood and Guts détaille les expériences de Janey Smith, une citadine obsédée par le sexe et atteinte par une maladie inflammatoire de son propre sexe, amoureuse de son père qui la vend comme esclave. Beaucoup de critiques ont pointée cette œuvre pour être dégradante envers les femmes et, l'Allemagne et l'Afrique du Sud l'ont interdite intégralement.

En 1984, Acker publie My Death My Life by Pier Paolo Pasolini et un an après Algeria: A Series of Invocations because Nothing Else Works. En 1986, elle publie Don Quixote, un autre de ses romans les plus acclamés. Dans la version d'Acker du classique de Miguel de Cervantes, « Don Quixote » devient une jeune femme obsédée par la théorie poststructuraliste, l'amenant jusqu'à un extrême nihilisme. Elle révèle le lot de mensonges et falsifications du monde, ne croit en rien et considère l'identité comme une construction fictive interne. Marchant autour de New York City et de Londres avec son chien St. Simeon, qui lui sert de Sancho Panza, Don Quixote attaque les sociétés sexistes tout en dénigrant les mythologies féministes.

Acker publie Empire of the Senseless en 1988 et considère cette œuvre comme un tournant dans son écriture. Quoiqu'elle effectue toujours des emprunts à d'autres textes, dont les aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain, le plagiat est moins évident. Le roman tient aux voix de deux terroristes, Abhor, à moitié humain et à moitié robot, et son amant Thivai. L'histoire a lieu dans les restes délabrés d'un Paris post-révolutionnaire. Comme ses autres œuvres, Empire of the Senseless inclut violence graphique et sexualité. Cependant, ce roman se préoccupe beaucoup plus de la langue que ses œuvres précédentes. En 1988, elle publie également Literal Madness: Three Novels qui inclut les travaux précédemment édités Kathy Goes to Haiti, My Death My Life by Pier Paolo Pasolini, et Florida.

Entre 1990 et 1993, Acker publie quatre livres supplémentaires : In Memoriam to Identity (1990), Hannibal Lecter, My Father (1991), Portrait of an Eye: Three Novels (1992), comprenant également les travaux déjà édités, et My Mother: Demonology (1992). Maints critiques se plaignent que ces dernières œuvres sont devenues superflues et prévisibles, attendu qu’Acker a continué à explorer les mêmes tabous de façon semblable. Son dernier roman, Pussy, King of the Pirates, édité en 1996, montre des signes d'intérêts élargis d'Acker, incorporant plus d'humour, une imagination plus légère et prenant en considération des textes orientaux et la philosophie qui étaient en grande partie absents dans ses premières œuvres.