Allégorie de la caverne


"Allégorie de la caverne"

Imagine des hommes dans une demeure souterraine...Chacun est potentiellement dans une position impliquant des habitudes de vie, des croyances, des convictions, des certitudes, des façons de penser, de se représenter le monde, de concevoir ce qui est vrai et faux, combinant a priori et préjugés, déductions hâtives.
Dans la caverne, les humains sont enchaînés de sorte qu'ils ne « peuvent voir que devant eux ». Une lumière leur vient de derrière eux, d'un feu allumé sur une hauteur. La lumière extérieure passe par une ouverture de la caverne, de sorte que le corps de chaque prisonnier projette son ombre sur les parois. Les enchaînements représentent les croyances, certitudes, convictions, préjugés et autres a priori. La difficulté à rompre les chaînes image celle de se défaire de ce qu'elles représentent et traverse les âges dans les préoccupations des philosophes.
Considère maintenant (...) qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser...soudainement confronté à un brusque changement, incarné par une situation nouvelle pénible ou par une idée nouvelle remettant en cause les préjugés anciens. Il souffrira et l'éblouissement l'empêchera de distinguer les objets dont tout à l'heure il voyait les ombres.

* Le message certainement le plus fort est de ne pas prendre pour vraies les données de nos sens et les préjugés formés par l'habitude. Platon met en évidence la difficulté des Hommes à changer leurs conceptions des choses, leurs résistances au changement, l'emprise des idées reçues.

* Une clef de compréhension de l'allégorie est fournie par Socrate lui-même dans le livre VII de La République : « [...]cette remontée depuis la grotte souterraine jusque vers le soleil ; et une fois parvenu là, cette direction du regard vers les apparences divines [...] voilà ce que toute cette entreprise des arts que nous avons exposé a le pouvoir de réaliser. » (532c) Il s'agit donc de passer de l'opinion (fournie par les sens et les préjugés) à la connaissance de la réalité intelligible, des Idées.

* Le philosophe s'échappe de la caverne grâce à l'exercice de la dialectique, sans le support d'aucune perception des sens (532a). A mesure que son regard s'habitue à la lumière vive du monde des Idées, il parvient au terme de l'intelligible (532b).