El Día de la bestia

Film italo-espagnol réalisé par Álex de la Iglesia, sorti en 1995,  il reçut, entre autres, le Prix Goya du meilleur réalisateur. La musique du film est de Def Con Dos.
Nourri à la contre-culture, ancien dessinateur de bande-dessinée, cinéphile averti et ouvert à tous les horizons, Álex de la Iglesia n’a pas un modèle, mais des milliers. Et il n’est pas étonnant de trouver dans sa filmographie aussi bien des road-movie à l’américaine, (Perdita Durando, 1997), des satires sociales, (Mes chers voisins, 2002); (Le crime farpait, 2005), des films de pure horreur (La chambre de l’enfant, 2008) ou encore des revival de westerns (800 balles, 2004).
Fort de sa cinéphilie dont il se sert plus comme d’un brouillon que comme d’une bible, Alex de la Iglesia commettait, en 1995, un film qui allait durablement marquer toute une jeune génération de cinéphiles… et de réalisateurs.
Le jour de la bête (El Día de la bestia) est d’autant plus important et intéressant que, comme tous les films fantastiques réussis, il parvient à exister par lui-même et par ses qualités esthétiques tout en délivrant un sous-texte construit et assez flippant. Le postulat de base est assez simple : un curé basque, assez quelconque bien qu’un peu illuminé, pense avoir trouvé la date de naissance de l’Antechrist mais doit pour cela trouver l'enfant qui servira de réceptacle à l’Immonde. Afin d’identifier l'enfant en question et le tuer, il doit se rapprocher du Diable, et afin d’y parvenir pense devoir faire le Mal…
Point de départ assez classique, si ce n’est que le génie du réalisateur est d’associer à ce curé (brillamment interprété par Alex Angulo) un parterre d’acolytes dignes représentants de la société espagnole (telle que de la Iglesia semble la voir, à cette époque-là) qui va sublimer le postulat et le rendre social tout en conservant une légèreté comique désarmante. Le jeune sataniste, fan de heavymetal, paumé, un peu crade mais bon fils tout de même (inénarrable Santiago Segura), le présentateur de télé ésotérique qui n’arrive même pas à croire en son gagne-pain, et la bimbo blondasse écervelée qui pourrait fort bien servir de victime sacrificielle.
Sans dévoiler le dénouement, il est tout de même important de préciser que l’emballement du récit et l’inévitable rencontre finale avec le Diable ouvriront encore une nouvelle dimension inattendue au sein-même du film, une (pré)vision sociale qui glace finalement plus que le visage du Démon. Plus qu’une morale, la fin du film agit peut être plus comme une prophétie : et si le Diable n’avait pas une queue fourchue et une tête de chèvre, mais bel et bien un visage humain.



Plus que simple film de genre réussi, Le jour de la bête est sans aucun doute l’un des premiers films fantastiques espagnols de l’ère moderne à avoir fait plus que peur ou rire, et à avoir véhiculé de manière efficace et spectaculaire un sous-texte social ou politique.

Pour télécharger le film (en français): http://www.megaupload.com/?d=0LQ6RPJR