Né le 04 Mai 1931- décédé le 26 Septembre 1988
Débarqué à la Julliard School de New-York en 1954, en provenance directe d’Alberta, au Canada, Bruce Haack est un compositeur aux pratiques plutôt étranges. Adepte du home studio, bidouilleur de systèmes électroniques, très tôt il construit lui-même ses propres instruments, des machins bizarres qui vont lui servir à construire sa propre identité sonore, cet univers étrange qu’il bâtira à coups de proto-synthés ou autres réceptacles utilisant les propriétés physiques propres du corps humain pour transformer les flux qui le parcourt en élément musical à part entière (le Dermatron dont Bruce Haack fera une démonstration télévisée en 1960 sur CBS).
A la fin de la décennie 1960, Bruce Haack multiplie les apparitions télévisuelles et, surtout, s’investit dans la fabrication de quelques jingles commerciaux destinés à des marques diverses et variées. En réalité, à l’instar des travaux menés par l’emblématique Raymond Scott ou par Herb Pilhofer, les jingles sont à l’époque l’un des tous premiers espaces grand public où l’électronique s’affiche aux yeux de tous. Pour la simple et bonne raison que le matériel électronique était loin d’être à la portée de tous; il fallait posséder un studio à la pointe de la technologie pour se permettre ce genre d’incursions avant-gardistes.
« The Electric Lucifer » se dévoile comme un concept album musicalement novateur, mais pourtant en phase avec les préoccupations de l’époque. Dans un univers qui respire le psychédélisme de la fin des 60′s, « The Electric Lucifer » met en scène un affrontement entre le Paradis et l’Enfer avec, en guise de fil rouge, ce « Powerlove », un pouvoir divin sensé unifier l’espèce humaine et pardonner à Lucifer ses transgressions et ses péchés. Un manifeste du « peace and love » lui-même déformé par l’usage de sons étranges empruntés à cet univers sonore si particulier.
Sur les 13 morceaux qui composent l’album, Bruce Haack met au point une série de scénettes qui vont peindre cet univers fantastique, à la frontière du religieux et de la protestation. Car « The Electric Lucifer » porte en lui les germes d’une réflexion sur la société et ce qui la compose. A commencer par ‘War’ et son propos anti-guerre exacerbé par l’utilisation de sons stridents, la mise au point de ce rythme martial qui voit s’affronter les anges et les démons via ce duel de synthés qui se succèdent les uns aux autres; jusqu’à finir dans un ultime affrontement dont l’issue paraît tout à fait incertaine, soutenu par des bruits inquiétants. Une obsession dans la composition qui causera de vives polémiques à l’époque de la sortie de l’album.
Bruce Haack ira même jusqu’à enregistrer un morceau proto-hip hop avec Russel Simmons, co-fondateur de l’éminent label Def Jam aux côtés d’un certain Rick Rubin. Simmons et Haack se retrouveront sur « Party Machine », un single publié en 83 et paru sur une poignée de compilations rendant hommage aux pionniers de l’électronique.
Haack disparaît en 88 après une violente crise cardiaque. En 2004, un documentaire sur la vie de Bruce Haack voit le jour : « Haack : The King Of Techno ».
Téléchargement de "The Electric Lucifer" de Bruce Haack ici : http://www.megaupload.com/?d=EGN85IKI