Un film d'Alain Resnais avec Claude Rich, Olga Georges-picot
(France)
Genre : Drame
Duree : 1H31 mn
Année de production : 1968Claude Ridder, après un suicide raté dû à une "séparation" douloureuse, accepte de participer à une expérience scientifique de voyage dans le temps. Malheureusement, cette expérience échoue et Ridder est contraint de revivre différentes époques de son passé. Sa vie repasse ainsi en boucle, notamment sa liaison avec Catrine, son âme soeur.
Au début des années soixante, le cinéaste Alain Resnais demande à Chris Marker de rédiger l’histoire de son prochain long métrage. Le géniteur des STATUES MEURENT AUSSI (1953) refuse mais il conseille parallèlement à son ami de lire l’ouvrage de Jacques Sternberg, intitulé “Un jour ouvrable”. Conquis par ce texte, Resnais contacte l’écrivain belge lequel accepte immédiatement d’offrir à son nouveau collègue un scénario. Cinq ans devront être nécessaires à nos artistes pour conjuguer des sensibilités pourtant très proches. Privilégiant la forme brève et la science-fiction, les contes de “La Géométrie dans l’impossible” (1953) ainsi que “La Géométrie dans la terreur” (1958) affichent quelques affinités avec les univers déstructurés et oniriques dépeints dans HIROSHIMA MON AMOUR (1959), L’ANNÉE DERNIÈRE À MARIENBAD (1961) ou MURIEL OU LE TEMPS D’UN RETOUR (1963).
Apparente discontinuité du temps, répétition de l’événement, amours tragiques et réflexion sur l’influence de l’hypothèse dans l’existence, les deux hommes admettent des obsessions bien identiques, à l’origine du film JE T’AIME, JE T’AIME. Resnais choisit d’emblée Claude Rich comme interprète principal et ce suivant une intuition dont l’avenir illustre le bien-fondé. Aux côtés du séduisant acteur, la charmante Olga Georges-Picot incarne une fiancée inoubliable tandis que l’apparition d’illustres artistes tels Robbe-Grillet, Jean-Claude Romer et Jorge Semprun relève d’un simple mais amusant clin d’oeil. Magnifiée par la superbe musique de Krzysztof Penderecki. Film étrange dans la filmographie d'Alain Resnais. Maudit, également: sélectionné pour le Festival de Cannes en 1968, il n'avait pu être présenté au public en raison des événements de mai, et ne sortit que plus tard, dans l'indifférence générale.
Cette
oeuvre, comme son titre l'indique, est aussi l'histoire d'amour d'un
couple qui va peu à peu se déchirer. Malheureusement, par un effet de
remix temporel, cette histoire, Ridder, tel Sisyphe, va devoir la
revivre indéfiniment. En effet, enfermé dans une machine temporelle,
Ridder, cobaye volontaire, est envoyé par les scientifiques dans son
passé pendant une minute. Il choisit une minute parfaite, un instant de
bonheur avec sa femme Catrine, à la mer. De ce refuge temporel, il ne
veut plus sortir. C'est à partir de là que l'expérience cafouille,
déraille, et Ridder se retrouve à revivre d'autres moments de son
existence, ayant tous un rapport avec Catrine. Son imagination, ses
fantasmes vont eux aussi se mêler à ces
bribes de passé, l'entraînant ainsi vers sa perte.
C'est aussi une oeuvre expérimentale, avec son récit éclaté refusant toute linéarité dans la narration. Pour cela, Resnais utilise un montage poétique, aléatoire. On revoit ainsi plusieurs fois les mêmes séquences, avec parfois de légères modifications.